Les lobbies anti-viande ne font pas reculer le catalan Bernard Guasch, président de la société éponyme spécialisée dans l’abattage, de la découpe et de la transformation des viandes, ancien joueur de rugby à XIII et président des Dragons Catalans. Pour accompagner la croissance de la branche charcuterie, Guasch&Fils injecte 14 M€ dans la création, à Perpignan, d’un atelier de transformation de 3.500 m².
Soutiens. L’investissement est soutenu à hauteur de 2,5 M€ par France Agrimer au titre de la structuration de la filière viande et de la décarbonation des outils de production industrielle, la Région Occitanie, le Département des Pyrénées-Orientales et Perpignan Méditerranée. Le reste est financé en autofinancement et par un prêt de 8,5 M€ contracté auprès de la Banque Populaire du Sud, du Crédit Agricole du Languedoc, du CIC, du Crédit Mutuel Arkéa et de la Caisse d’Épargne Languedoc-Roussillon.
Architecte auvergnat. Ce site, conçu par BAK Architectes (Puy-de-Dôme) et prévu pour mai 2024, supplantera l’unité actuelle de Toulouges. Mise en service en 1996, celle-ci peine aujourd’hui à suivre le rythme de production. La future usine permettra « de doubler, voire tripler, la capacité de production de charcuterie cuite et sèche », détaille Xavier Raynaud, responsable de projets. L’ensemble intégrera « toutes les contraintes frigorifiques et techniques, avec des moyens de manutention aérienne, pour bouger les cadres de séchage ». Par exemple, la cuisine sera réaménagée pour les produits cuits, avec de nouveaux outils de production et de nouvelles gammes de séchoirs. Une vingtaine d’emplois vont être créés à terme.
Dans la zone de Torremila. Ce projet prend place dans la zone de Torremila, proche de l’aéroport, où Guasch est déjà implanté depuis 2015, avec deux unités de transformation de viande et le siège social. Au total, Guasch traite environ 7.000 tonnes de viande par an, et prévoit d’atteindre 8.500 tonnes d’ici à 2025. Très implanté auprès de 700 artisans-bouchers catalans, audois et ariégeois et des rayons traditionnels des grandes surfaces de la région, Guasch&Fils prospecte désormais la métropole montpelliéraine. « La vocation de charcutier se perd. C’est terrible, car c’est un métier extraordinaire, observe Bernard Guasch. De fait, on se substitue à lui, en fournissant des produits catalans, certes industriels mais avec une identité locale et des agneaux, veaux, porcs, bœufs…, élevés en Occitanie. » La PME, qui emploie 200 salariés pour un chiffre d’affaires de 57 M€, est aussi positionnée sur le négoce de volailles, surgelés, produits festifs et gastronomiques.
Extension à venir de l’abattoir. L’abattoir de Perpignan, relié par un tunnel froid à Guasch, son principal client et actionnaire, va par ailleurs être étendu, pour faire évoluer son tonnage annuel de 5.500 à 7.500 tonnes. « Le marché l’attend. Il n’y a plus d’abattoir à Narbonne, Carcassonne et Béziers », conclut le dirigeant.
Le recrutement, point noir. Le recrutement d’ouvriers spécialisés est le point noir pour Guasch&Fils. « C’est de plus en plus difficile de recruter et de fidéliser des jeunes, soupire Bernard Guasch, 63 ans, issu d’une famille de réfugiés républicains espagnols, qui a placé deux de ses fils à la direction de la PME familiale. Il y a beaucoup de problèmes de compétences, de ponctualité, d’arrêts-maladie à répétition… » Pour répondre aux besoins en ouvriers spécialisés liés à la future extension de l’abattoir, les services RH étudient un recours à une main-d’œuvre étrangère, venant d’Amérique du Sud et des pays de l’Est. « Nous essayons les recrutements locaux. La Chambre départementale de métiers nous aide dans la recherche d’apprentis. Il faut réapprendre ces métiers, qui ne sont plus enseignés », conclut-il.
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