Contrats de filière, tournée des départements, grand événement sur le spatial, BIG : le boss du dév éco à la Région Occitanie fait le point avec Les Indiscrétions, de retour du BIG (Bpifrance), le 6 octobre.
Savoir de quoi on parle. Le vice-président de la Région Occitanie, délégué à l’emploi, l’économie, l’innovation et la réindustrialisation, explique, dans une interview accordée lors du BIG 2023 de Bpifrance, pourquoi il est passé de chef d’entreprise à celui d’élu (à visionner en cliquant ici) . « C’est un atout d’être un élu tout en ayant été soi-même, comme chef d’entreprise, confronté aux enjeux de l’innovation, de l’emploi et du développement économique. Ça permet d’ajouter une crédibilité à une politique que l’on veut mener, car les interlocuteurs voient que je ne suis pas déconnecté de la réalité. Je suis toujours chef d’entreprise. Devenir élu permet de mettre en place des idées, des projets, des réflexions, avec des moyens et des ressources autour de moi. » La Région Occitanie, terre d’innovation, « injecte 3,7% de son PIB en matière de dépenses de R&D, ce qui est au-dessus de l’objectif de 3 % fixé par la stratégie de Lisbonne en 2000 », complète l’Alésien.
Contrats de filière. Plusieurs contrats de filière sont dans les tuyaux. Après le numérique, place à l’habitat durable et au spatial en décembre, puis « aux énergies renouvelables/hydrogène, à la santé/esanté, et à l’IA/data », confie-t-il aux Indiscrétions. L’objectif est, à chaque fois, de « réunir l’ensemble des acteurs, du laboratoire de recherche, l’institut de formation, l’université, les start-up et les TPE-PME, les grands groupes et les pôles de compétitivité. La Région Occitanie anime des séances de travail, en insistant sur la prospective à long terme, les grands enjeux prioritaires et une déclinaison en plan d’actions. Par exemple, pour le contrat de filière Numérique, 21 actions très précises ont été mises en place. Toutes les parties prenantes sont partie prenante. »
Interfilières. Les filières vont être encouragées à échanger entre elles. « Le numérique concerne aussi le bâtiment durable ou la santé », illustre l’élu. Par ailleurs, les contrats de filière sont désormais « évolutifs. Il faut prévoir la possibilité de nouvelles actions ».
Nouveaux Territoires d’Industrie. Alors que 10 zones sont labellisées Territoires d’Industrie, « entre 3 et 8 nouveaux territoires » devraient être labellisés par l’État dans les prochaines semaines, confie Jalil Benabdillah.
Financement et RH. Alors que 43 entreprises régionales étaient présentes à cette édition 2023 du BIG, les discussions ont beaucoup porté autour « des crédits-relais à trouver, du report des remboursements de PGE, et des tensions de trésorerie. Entre l’augmentation de salaires et du coût des matières premières, les marges des entreprises sont rognées. Les répercussions de hausses de prix à l’identique sont rarement possibles ». Outre le financement, les difficultés portent également sur les recrutements. « Toutes les entreprises cherchent à embaucher », observe le cofondateur de SD Tech (Alès), diplômé de l’IMT Mines Alès.
Le spatial dans le viseur de la stratégie de développement régional. Le contrat de filière sur le spatial doit permettre « de sortir le spatial du secteur aéronautique. Le spatial, ce sont de nouveaux enjeux, des budgets colossaux au niveau national et européen, des enjeux géopolitiques. La guerre en Ukraine (et celle déclenchée ce week-end par le Hamas en Israël, événement postérieur à l’interview, note) exacerbe les besoins de la maîtrise de l’espace par le secteur militaire. Les enjeux sont aussi liés à l’environnement, aux incendies, à l’agriculture, l’eau, les traits de côte etc. La structuration de la filière est un enjeu de souveraineté. Il s’agit de développer une vision stratégique, d’être leader et de le rester, sachant que d’autres Régions européennes se positionnent ». En plus de ce contrat de filière, une feuille de route avec l’État est en cours d’élaboration, « pour insérer le spatial dans la Stratégie régionale de l’Innovation (SRI) ». Par ailleurs, un événement « majeur », du type « Salon du spatial », en alternance avec le Salon du Bourget (qui, pour rappel, est bisannuel), est en préparation. La première édition, organisée en lien avec l’État et le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), devrait se dérouler en mai ou juin prochain, à Toulouse.
Foncier d’activité. L’enjeu est de dégager de « grands fonciers » de 100 à 150 hectares, pour accueillir des projets économiques ambitieux, « alors qu’il n’y a jamais eu autant de possibilités d’emplois et de création de richesse que maintenant. Ce, malgré le contexte géopolitique, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt ». Dans ce contexte, « avoir du foncier disponible et dérisqué est un vrai enjeu, sachant que les procédures peuvent durer entre 3 et 5 ans, et que nous sommes en concurrence avec d’autres régions françaises et à l’international. Les délais que nous demandent les entreprises sont plus courts. Souvent, les projets souhaitent s’implanter dans les aires de Montpellier et de Toulouse, du fait des infrastructures et des bassins d’emploi. La consigne de la présidente Carole Delga, c’est d’inciter à aller dans tous les territoires d’Occitanie, chaque fois que cela est possible ».
Tournée des départements. Jalil Benabdillah va entamer une tournée de 13 départements, « en rendant visite aux EPCI et aux communes, pour identifier les zones disponibles, leurs destinations (logistique, commercial, industriel…), les points de blocage, les potentiels… L’idée est de donner aux élus locaux une vision des grands projets qui nous sont fléchés par Business France : gigafactory, entreprises, parcs d’activités… » Premiers départements visités, avant la fin de l’année : les Pyrénées-Orientales, le Gard rhodanien et les Hautes-Pyrénées, « trois départements à enjeux, dotés d’une forte culture industrielle et avec du foncier, mais souffrant d’un taux de chômage élevé ».
Making of. Pour l’anecdote : entretien réalisé autour d’une salade californienne, le 6 octobre au restaurant Le Bureau, à Odysseum (Montpellier). On se connaît depuis 15 ans, mais on a réglé chacun sa note. Propre.