La deeptech montpelliéraine Numalis boucle un 2e tour de table pour renforcer son statut de leader européen de l’explicabilité et la validation des IA. Son dirigeant, Arnault Ioualalen, joue par ailleurs un rôle actif dans la structuration de l’IA, à la fois à l’échelle européenne et dans sa ville.
Levée de fonds. Ce 7 novembre, Numalis, deeptech montpelliéraine (installée dans la Tour du Polygone), spécialisée dans l’explicabilité et la validation de la robustesse des intelligences artificielles, va annoncer dans Les Échos une levée de fonds de plusieurs millions d’euros. L’opération va financer le recrutement de commerciaux, et la poursuite de la R&D, notamment dans le traitement de langage. « Ce secteur pose encore des verrous technologiques. L’ajout d’une négation, une faute d’orthographe ou le remplacement d’un mot par un synonyme sont difficiles à modéliser », confie Arnault Ioualalen, cofondateur et PDG. Autre développement en cours, le déploiement de technologies en continu, pour contrôler une IA en opération.
Les secteurs ciblés par Numalis sont « des domaines critiques, exigeant une précision et une fiabilité renforcées, comme la Défense, les transports (aéronautique, spatial, ferroviaire, automobile), la finance ou la santé », détaille le mathématicien, également informaticien.
Des clients dans des domaines stratégiques. Parmi ses clients : l’Easa (Agence européenne de la sécurité aérienne), Airbus, le Laboratoire national de métrologie et d’essais, ou encore des programmes européens de Défense. Dans le domaine civil, la SNCF se penche sur la fiabilité de modèles d’IA pour la détection de la signalisation sur les voies ferrées, en vue d’éventuelles futures navettes autonomes sur le réseau secondaire.
L’avantage concurrentiel de Numalis ? « Nous sommes les seuls à maîtriser les technologies à base de méthodes formelles mathématiques, pour prouver le fonctionnement d’une IA de façon certaine, et non pas seulement pour la tester. Dans ce secteur sensible, en pleine structuration, il faut un acteur souverain », explique le scientifique.
Engagement citoyen autour de l’IA. Outre son cœur de business, Arnault Ioualalen s’implique dans l’encadrement et la gouvernance de l’IA. À l’échelle européenne, il participe à l’élaboration des standards pour l’IA. Ces normes serviront à la future réglementation ‘AI-Act’, prévue pour 2025. « Ce travail ne rapporte pas de chiffre d’affaires, je dirais même qu’il coûte, sourit-il. Mais il est crucial de structurer le marché. Les standards implémenteront l’AI Act dans la ‘vraie vie’. » Or, actuellement, l’IA est interdite dans les secteurs critiques, par mesure de précaution. « L’idée est de remettre en question cette assertion, en partant cette fois du principe ‘On peut peut-être le faire, regardons jusqu’où l’on peut tester l’IA’. L’AI Act est une étape à ne pas rater. Des pays comme Singapour, le Japon ou le Canada ont les yeux rivés sur l’Europe, pour s’inspirer le cas échéant de nos bonnes pratiques. » Autant de futurs marchés potentiels pour Numalis.
À l’échelle de sa ville, le dirigeant a construit avec le maire, Michaël Delafosse, et son adjoint Manu Reynaud, une démarche autour de l’IA générative dans les domaines de l’agriculture, de la santé et de l’écologie, en associant les citoyens. « À Montpellier, beaucoup de chercheurs font déjà l’IA. Il faut massifier cette dynamique en cours dans les laboratoires, en l’adossant à l’appel à projets ‘IA-Cluster’ du gouvernement. » Numalis emploie une vingtaine de salariés, pour un CA de 400 k€.