Ça roumègue sec chez les opposants à l’autoroute A69 Toulouse-Castres (comme ce week-end), mais, sur le terrain, le projet devient réalité. Le 5 juin, Martial Gerlinger, directeur général d’Atosca (concessionnaire de l’A69) et Walter Guyonvarch, directeur du groupement conception-construction, présentent l’état d’avancement du chantier de l’autoroute A69, entre Castres et Verfeuil. Mot d’ordre du concessionnaire de ce projet d’État : « Le chantier bat son plein, les travaux avancent et les délais seront tenus ». Il reste encore 19 mois de travaux avant la mise en service de l’A69 qui sera effective fin 2025. Un chantier sous haute surveillance.
230 M€ déjà engagés. « Le chantier est très avancé, même si on entend parfois le contraire, affirme Martial Gerlinger en introduction du point presse. La moitié du budget est déjà dépensée, soit 230 M€ (sur la totalité des 450 M€ prévus au total), 80 % des terrains sont prêts à être terrassés, 30 % des déblais/remblais sont réalisés et 60 % des ouvrages ont été engagés (posés ou en cours de construction). Nous sommes au travail partout », insiste le directeur général d’Atosca (concessionnaire de l’A69).
Chantier sous haute tension. 262 faits remontés, 115 plaintes déposées, 11 engins de chantier incendiés, 15 installations pour la protection de l’environnement dégradés : le chantier de l’A69 se déroule sous très haute tension. « Nous sommes dans des conditions de travail inédites, loin des chantiers classiques que nous réalisons habituellement. Il y a une montée en puissance des ‘incivilités’ (sic : la communication est un décidément un art). La semaine dernière, à Castres, nous avons dû replier un chantier, accompagnés des forces de l’ordre. La tension est montée d’un cran ces derniers temps avec l’agression de certains de nos salariés, mais nous irons au bout. Nous adaptons nos méthodes de travail pour tenir les délais avec une fin de travaux pour la fin d’année 2025 », ajoute Walter Guyonvarch.
Pour sécuriser le chantier, l’entreprise doit engager des coûts « énormes et hors du commun ». 14 gardiens sont employés avec des surveillances « H24 et 7 jours sur 7 sur certains sites » et le matériel de chantier est rangé et stocké quotidiennement après chaque journée de travail. « C’est un coût que nous portons », insiste Martial Gerlinger, sans dévoiler son montant. Aujourd’hui, deux ZAD, dont le nombre d’occupants est inconnu, sont installées du côté de Castres et une du côté de Verfeuil.
200 ouvrages jalonnent le tracé. Raccordement de la rocade de Castres, Viaduc de l’Agout (150 mètres de brèche), ouvrages de franchissements de l’autoroute (au-dessus ou en-dessous) ou de voies ferrées SNCF, ouvrages hydrauliques, rétablissement de voirie… « le chantier est jalonné par 200 ouvrages, soit des ouvrages qui permettent le rétablissement des écoulements hydrauliques, soit des ouvrages qui permettent le franchissement des routes. L’A69, c’est 53 km, dont 44 km de tronçons à construire et aujourd’hui 100% de ce linéaire est en travaux », poursuit Walter Guyonvarch.
Préfabrication en usines. La grande majorité des ouvrages sont préfabriqués et stockés en usine, puis acheminés sur site et assemblés en quelques jours. « C’est un choix industriel que nous avons fait pour répondre au planning, mais aussi pour maîtriser notre risque des contraintes sur site compte tenu des conditions d’exécution dans lesquelles nous évoluons », ajoute le directeur du groupement conception-construction. Aujourd’hui, 60 % des ouvrages d’art sont installés ou en cours de fabrication en usine. Cinq entreprises sont mobilisées : Lagarrigue BTP (Aveyron), Chapsol (usines de Pierrelatte dans la Drôme et de Saint-Astier en Dordogne) et Matière à Brive se partagent la fabrication des éléments des ponts en béton. L’usine Baudin, située à Châteauneuf dans la Loire, a réalisé les tronçons de la charpente métallique du viaduc de l’Agout.
Construction du siège d’Atosca. Le siège d’Atosca, concessionnaire de l’A69, est en cours de construction aux abords de Puylaurens. Il comprendra 910 m² de bureau et 1.000 m² de hangar. « Il y aura sur ce site à la fois le concessionnaire Atosca, mais aussi l’exploitant, celui qui va entretenir au quotidien l’autoroute, avec une quarantaine de personnes pour toute la durée de la concession (55 ans) », précise Martial Gerlinger.
400 créations d’emplois. « Près de 1.000 collaborateurs travaillent sur le chantier et nous ne sommes pas encore au pic d’activité de cet été, où nous compterons alors 1.200 personnes à pied-d’œuvre, indique Martial Gerlinger. Le chantier a permis de créer plus de 400 emplois directs (sans compter les sous-traitants). Plus des trois quarts des nouveaux embauchés résident en Occitanie et plus de 70 % d’entre eux vivent dans le Tarn.
Insertion. Le chantier fait aussi appel à des personnes éloignées de l’emploi. « Nous nous sommes engagés, dès le stade de l’offre, à réserver 10 % du total des heures travaillées à des personnes éloignées de l’emploi. C’est un objectif ambitieux, le double de ce qui se fait habituellement dans la profession. Cela représente 68.000 heures au total. Aujourd’hui, nous avons réalisé 52 % de l’objectif fixé », ajoute-t-il. Pour cela, Atosca travaille en collaboration avec les acteurs locaux de l’emploi : la préfecture, France Travail Tarn, la Mission local de Castres, le Département du Tarn et la Fédération des Travaux Publics. Une collaboration qui s’est traduite en fin d’année 2023 par la signature d’une convention de partenariat pour l’emploi et l’insertion.
Trafic prévu. À termes, les projections réalisées sur la fréquentation de l’A69 projettent une utilisation quotidienne de 10.000 véhicules par jour dont 800 poids lourds.