Ce 12 janvier, le préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch déclare vouloir « ouvrir davantage les salons de la préfecture à la population, qui est ici chez elle ». Et entend porter l’action d’un État « audacieux, tourné vers ses concitoyens, dans un esprit d’unité et de concorde. » Morceaux choisis.
Besogneux. L’ex-chef de cabinet d’Emmanuel Macron (2017-2020) se définit comme « besogneux et persévérant. C’est mon style. Mais j’entends passer à la vitesse du COM, voire de la LGV », allusion aux dossiers d’infrastructures en cours de déblocage, après des décennies d’atermoiements (il faut dire qu’il n’y a plus le choix, hein).
Jeune mais pas trop. « Certains me trouvent jeune (41 ans, note), mais je crains d’être totalement disqualifié », a-t-il plaisanté, faisant allusion à la nomination de Gabriel Attal (34 ans) au poste de Premier ministre.
Pas de petits sujets. « Il n’y a pas de petits sujets. Un petit sujet peut amener des évolutions dans les politiques publiques », insiste-t-il. Par exemple, François-Xavier Lauch a rendu visite le 12 janvier au matin à des agriculteurs de la plaine de Mauguio sur des sujets d’urbanisme et de maraîchage, en présence de Jérôme Despey, président de la chambre d’Agriculture de l’Hérault. « Je ne sais pas bien traiter les sujets sans aller sur le terrain, au contact des maires et des chefs d’entreprises. J’ai besoin de confronter la réalité des dossiers à une vision de terrain. Surtout quand je perçois un écart entre le dossier et sa perception par les acteurs du territoire. Le préfet est là pour appliquer la loi et les règlements, mais aussi pour voir comment elles fonctionnent dans les territoires, parfois en les adaptant. Les préfets disposent d’un pouvoir de dérogation pour les règlements. »
France Travail. Le nouveau service public France Travail (ex-Pôle emploi) doit « sortir des gens de la pauvreté et permettre aux entreprises de trouver des réponses à leur difficultés de recrutements », déclare-t-il. Des représentants de France Travail confient aux Indiscrétions : « Ce n’est pas qu’un changement de nom, mais une évolution profonde. Avec, notamment, un partage de données informatiques avec nos partenaires, via la création d’un système d’information unique. »
Messages. Les vœux sont aussi l’occasion de rappeler l’action de l’État, parfois pas ou peu connue, dans les territoires : « dotations aux collectivités, gestion bientôt annoncé pour les opérations Anru (renouvellement urbain) de Montpellier et Sète, de nombreux dispositifs pour soutenir la revitalisation des territoires : Action Cœur de Ville, Petites Villes de Demain, Villages d’Avenir… » Parmi ses priorités en matière d’aménagement et sociétale dans l’Hérault, « la régénération de la forêt, un puits de carbone », « la gestion de l’érosion du trait de côte » (lire « Trois questions à… »), « la crise du logement » ou encore « la cohésion sociale ».
Besoin d’État. « Ce qui me frappe dans ce département, c’est le besoin d’État. Dans des champs régaliens comme l’immigration et la sécurité bien sûr, mais aussi sur des enjeux de réchauffement climatique, de développement des EnR, d’urbanisme, de logements… » Dans ce contexte, « le risque est d’essayer de tout faire. Je dois me fixer des priorités. »
Flamme. « C’est un département que j’aime beaucoup. J’y suis très heureux en famille (il est marié, avec un jeune garçon, note). » Avant d’ajouter, dans une analyse que l’on sent inspirée de ses échanges avec Michaël Delafosse, maire de Montpellier : « Les subtilités du département sont grandes. Ce territoire a connu des gestes brillants, mais aussi des conflits ».
Trident et Place nette. « Tout le monde, ici, aime la sécurité. Y compris la presse », observe le haut fonctionnaire. Il admet qu’à date, les résultats ne sont « pas très bons : trafic de stupéfiants, violences intrafamiliales… J’essaie de mettre des piques, des aiguillons, de redonner le sourire aux policiers et aux gendarmes, à travers des opérations dotées de noms appropriés : ‘Place nette’, ‘Trident’, ‘Tempête’… Il faut rappeler les responsabilités personnelles et collectives sur l’état des lieux. S’il y a du trafic de drogue, c’est parce que des gens consomment de la drogue. Les points de deal ancrés, les coups de feu, l’installation de barricades…, sont autant de résurgences visibles d’une économie parallèle. C’est une priorité absolue de s’attaquer à ces trafics, sur le plan judiciaire et en étant présent sur le terrain. »
Barbiers et bars à chicha. « Je n’ai jamais vu un département où on avait autant besoin de se faire tailler la barbe », a-t-il ironisé en constant une multiplication de barbiers dont on peut penser vraisemblablement que certains blanchissent l’argent de la drogue. « Au même titre que des bars à chicha ou des épiceries de nuit. Ces commerces sont inquiétants pour l’équilibre commercial de nos centres-villes, à Montpellier mais aussi Pézenas, Béziers, Clermont-l’Hérault, Bédarieux… » Les contrôles « vont continuer, avec de nouvelles armes réglementaires et législatives. Les fermetures pourront aller jusqu’à six mois, et j’entends communiquer le nom des établissements concernés. Certains gérants se foutent de nous (sic), alors que je me déplace en uniforme avec les forces de l’ordre. Je ne peux pas me battre sur la requalification urbaine, les dispositifs « Petites villes de Demain », etc., et tolérer ce déséquilibre. »
30 mn de lecture chaque soir. « Chaque soir, je passe 30 minutes à lire les synthèses de police moi-même, avec un regard sur les faits les plus graves : viols, meurtres ou tentatives de meurtre, violences intrafamiliales graves, trafics de drogue… Je demande à mes services un traitement spécial pour les étrangers qui commettent ce type de délits ou crimes. Y compris pour les étrangers en situation régulière. »
Retenues d’eau. Le préfet n’exclut pas de pousser la création de retenues d’eau, face aux sécheresses à répétition et de plus en plus intenses. « Il s’agirait de retenir l’eau du Rhône en hiver, pour l’utiliser en été. Ce serait toujours mieux que de la rejeter en mer. Car, pour plagier Kléber Mesquida, président du Département de l’Hérault, le niveau de la mer n’est pas un sujet, puisqu’il monte. »
Les 4 Fantastiques. Face à des taux de chômage (9,8 %) et de pauvreté (19 %) « trop élevés », François-Xavier Lauch mise sur le développement des « 4 Fantastiques : EnR, économie de la mer (nautisme, conchyliculteurs, pêcheurs…), industries culturelles et créatives, et la santé, ici à Montpellier ».