Green is the new black*

25 novembre 2024
Eric Torremocha
Eric Torremocha, agent général d’assurance Allianz depuis 10 ans

*Le vert fait fureur

RSE le « marronnier » permanent, devenu incontournable pour toutes les entreprises, quelque soient leur taille.

La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est définie par la commission européenne comme « l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes ». Elle s’articule autour de trois piliers : économique, social et environnemental.

Plusieurs questions se posent aujourd’hui, est-ce une obligation ? Faut-il être pertinent sur ces trois critères ? Va-t-on brûler en enfer si rien n’est mis en place de façon formelle dans une entreprise ?

Tout d’abord, au regard de la réglementation, pas d’obligation pour les entreprises. Nous sommes plutôt dans le registre de l’image ou de la volonté de mobiliser des salariés, des fournisseurs, des partenaires et des clients autour de valeurs fortes. Clients qui ont d’ailleurs intégré la RSE comme un critère dans leurs habitudes de consommation. Et les marques ne s’y trompent pas. Prenons le cas de Nutella, marque régulièrement tancée par l’opinion publique sur ses pratiques environnementales. Le célèbre vendeur de pâte à tartiner a donc opéré un virage radical en s’engageant dans une politique de développement durable d’agriculture. Même sujet pour les chaînes de restauration rapide, taxées de malbouffe, qui consomment de plus en plus local au lieu d’acheter leurs matières premières à l’autre bout de la planète. Une tendance de fond vertueuse dictée finalement par les consommateurs.

Outre le développement de chiffre d’affaires et une image vertueuse, le réflexe est également de se demander quelle « carotte fiscale » existe pour susciter des vocations. La RSE, à proprement dit, n’offre pas d’avantage direct. Il faut plutôt lorgner du côté du mécénat d’entreprise. Une réduction d’impôt sur les sociétés, à hauteur de 60 % du montant total des dons effectués, avec une limite fixée à 0,5% du chiffre d’affaires hors taxes. Il est ainsi possible de se tourner vers des fondations ou des fonds de dotation (de clubs professionnels comme ceux très actifs du Montpellier Hérault Rugby ou du Montpellier Handball par exemple) qui sont capables de mettre en œuvre des actions RSE, permettant ainsi le gain fiscal ad hoc.

Côté investissement, le monde de la finance a depuis bien des années anticipé cette grande tendance en créant une offre de fonds d’investissements dits ISR ou Investissements Socialement Responsables. Sur la base de scoring sur des thématiques apparentées au RSE, ces fonds se sont développés fin des années 2000 en investissant dans des actions de grands capitalisations plutôt européennes dites « vertueuses ». C’est notamment à partir de cette période que le terme « green washing » est apparu. En effet, certaines entreprises sélectionnées par les gérants de fonds pouvaient avoir d’excellentes notes sur les aspects sociaux et économiques mais catastrophiques sur le plan environnemental. L’entreprise Total, qui a amorcé ces dernières années un virage important sur une offre d’énergies plus large, en est le parfait exemple. Comment un pétrolier pouvait-il se retrouver dans cette thématique ISR malgré son impact environnemental ? Tout simplement par la moyenne de son scoring, « tiré » par les autres thématiques, mais également par ses taux de rendements, un investisseur reste un investisseur.

Autre volet : la RSE est-elle réservée aux grandes entreprises ? Non. Elle est omniprésente depuis des années et nombreux sont ceux qui la pratiquent au quotidien, sans jamais avoir reçu la moindre certification ou le moindre label. A l’image de la prose de M. Jourdain, vos commerçants, artisans, professions libérales ou TPE pratiquent la RSE sans le savoir. Qui finance le panneau publicitaire du club de foot, basket, tennis local en bord de terrain ? Qui offre des lots pour la kermesse de fin d’année de vos enfants ? Qui s’investira dans les associations de chefs d’entreprise locales pour animer un territoire ? Qui essaie au quotidien par des gestes simples de réduire sa production de déchets ?

Au final, si la RSE est venue mettre en lumière des pratiques déjà existantes, elle a le (grand) mérite de faire bouger les lignes et de remettre du bon sens dans les pratiques entrepreneuriales. Que les intentions initiales soient louables ou pas. Et votre certification ne vous offrira aucune garantie d’atterrir au paradis.

Eric Torremocha revient pour une nouvelle tribune partenaire la semaine du 16 décembre.

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