Tous noteurs. Tous notés. C’est l’une des faces sombres du digital, et ça ne va pas en s’arrangeant. Dérive du ‘chauffeur Uber’ et autre Tripadvisor. Les questionnaires en ligne de satisfaction deviennent systématiques. On note son plombier, son restaurant, telle ou telle prestation, le traiteur, son banquier etc. Certains consommateurs se déchaînent, sous couvert d’anonymat si possible, sans rien connaître au métier qu’ils sont censés évaluer, ni aux contraintes dans lesquels ils sont exercés. Notera-t-on bientôt en ligne ses proches, sa belle-mère, ses amis, ou encore le dernier dîner auquel on a été invités ?
On en arrive à des situations confinant à l’absurde. Quand des étudiants de 20 ans en viennent par exemple à évaluer leur professeur, à travers une grille multi-critères savamment élaborée.
Il est bien sûr utile de pouvoir se renseigner sur un individu, un produit, un service…, dans un contexte particulier. Un restaurant ou une destination de vacances systématiquement mal notés, avec les commentaires qui vont avec, peuvent éviter bien des déconvenues. Un conducteur mal noté sur Blablacar également.
C’est cette surveillance généralisée qui me met mal à l’aise. Car elle n’améliore pas la qualité des services. Les serveurs ne parlent pas davantage anglais, et ne sont pas plus souriants ; Les artisans ne sont pas davantage disponibles ou moins chers, etc.
Je vais organiser une soirée de mon réseau, courant juin. Autant dire aux futurs participant.e.s qu’ils ne recevront pas de questionnaire. Comme disent les bonnes tables conviviales : si vous êtes contents, faites-le savoir autour de vous, si vous avez des pistes d’amélioration ou des critiques, contactez-nous. À l’ancienne.
Tous noteurs. Tous notés.
23 août 2023