J’peux pas, j’ai Covid. À force, l’excuse, abondamment et étrangement utilisée dans le cadre professionnel, confine à l’hypocrisie institutionnalisée. Le test positif brandi comme un sésame pour le télétravail, ou pas de travail du tout. Il y a certes des formes de Covid encore carabinées. Tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un. Soit. Mais, dans l’immense majorité des cas, en cette fin d’année, et en attendant l’émergence d’une nouvelle pandémie sortie d’une foire aux bestiaux ou d’un laboratoire, notre déjà vieux Covid (quatre ans d’âge) est en réalité un rhume assorti de quelques courbatures. Pas de quoi fouetter un chat. À se demander, d’ailleurs, pourquoi autant de mes congénères se font tester. De quoi a-t-on peur, au juste ? Il n’est pas très utile, donc, d’alerter la terre entière sur le fait d’avoir contracté le virus : comme tout virus, en automne et en hiver, il circule. L’avoir contracté n’est pas une information très intéressante. On s’en fout, même. Et, pourtant, nous sommes inondés de messages covidés, la multiplicité des canaux de communication rendant d’autant plus visible cette névrose collective.
Cette Covid-mania, version professionnelle, est d’autant plus suspecte qu’en face, dans la vie amicale et conviviale, tout le monde s’en fout. Qui porte le masque et respecte les gestes de distanciation lors des apéros, restaurants, sorties diverses ?
Soit le Covid est vraiment invalidant. Dans ce cas, en effet, on ne bouge pas de chez soi quand on l’a contracté pour limiter sa propagation, et on prend des mesures de précaution requises dans la vie sociale. Soit on fait n’importe quoi le week-end et en soirée, et on considère donc que le Covid n’est qu’un mauvais souvenir. Il faut choisir son camp.