Il faut aller chercher les boîtes qui ne font pas parler d’elles. Et dont on aurait tort de se foutre. Des entreprises qui jouent la discrétion, par choix ou manque de temps, souvent industrielles ou de logistique, parfois dans l’artisanat, l’agriculture, l’agroalimentaire ou la distribution. Tant d’autres communiquent à outrance, sans avoir forcément beaucoup à dire à chaque fois. Ces monstres secrets, on en a en Occitanie, comme par exemple Gazechim à Béziers ou le Groupe Cargo à Toulouse.
Comment les identifier ? L’IA, répondrait-on aujourd’hui en deux lettres. Peut-être. Il y a aussi une prospection minutieuse, à l’ancienne. Chaque journaliste a ses secrets de fabrication. Sans dévoiler les nôtres, on peut quand même dire qu’il s’agit d’une attitude, d’un état d’esprit, d’une observation aiguisée. Rester ouvert, sortir des sentiers battus. Regarder les enseignes, dans les rues, sur les camions. Se fixer, à chaque cocktail ou soirée, une règle d’or : aller parler à des gens que l’on ne connaît pas – alors que, irrésistiblement, on échange avec des personnes de son entourage naturel.
D’un point de vue plus rationnel, il faut éplucher les fichiers d’entreprises, par territoires. C’est fastidieux, mais instructif. Plus digital : suivre des comptes actifs et pertinents sur les réseaux sociaux. Sans être exhaustif, on peut remarquer ceux des pôles de compétitivité, de Leader Occitanie ou encore, sur Linkedin, d’Ad’Occ Territoires et Entreprises – dernière info en ligne : l’implantation, zone de la Béragne à Carcassonne (11), d’ESPE Emballages de France, avec une dizaine de créations d’emplois à la clé. Certains influenceurs économiques, particulièrement éclairés, feront aussi de précieux mouchards.
Récemment, j’ai ainsi livré pour Les Échos deux articles sur deux entreprises de poids du bassin de Montpellier : Profils Systèmes (profilés aluminium, Baillargues, article à lire ici) et Open Modal (transport combiné rail-route de marchandises, Saint-Jean-de-Védas). En 12 ans de correspondance régionale pour ce titre de presse, je n’avais jamais parlé d’elles, alors qu’elles pèsent, en cumulé, plus de 700 emplois directs, sans compter les prestataires et fournisseurs. L’erreur est humaine, surtout lorsqu’elle est admise, mais attendre autant est tout de même une erreur. Moralité : toujours se remettre en question, et croire que les meilleurs sujets journalistiques sont ceux que l’on n’a pas encore traités. Voilà un carburant renouvelable qui devrait m’aider à tenir pour les 15 prochaines années.