Tribunes, communiqués, posts sur les réseaux sociaux, prises de parole… Beaucoup de médias, sportifs, artistes, fédérations professionnelles, syndicats patronaux…, expliquent au bon peuple ce qu’il ne faut pas voter (en gros, ni Nouveau Front populaire ni RN), et donc, en creux et par déduction, ce qu’il faut voter pour ne pas sombrer (Manu’s Team). Sans prendre partie, Les Indiscrétions ont questionné l’économiste Philippe Dessertine, dès le 10 juin (relire ici).
De manière générale, l’enchaînement mimétique des messages, parfois au mot près, semble au demeurant quelque peu téléguidé et manque de naturel. Il y a tout de même des nuances. Prenons le cas du communiqué, très explicite, du Medef Haute-Garonne, titré « Le Medef 31 met en garde contre les programmes du RN et du Nouveau Front populaire, les jugeant dangereux pour l’économie et appelle à la responsabilité (…) ». La note « exhorte chaque citoyen, salarié, dirigeant et entrepreneur à faire preuve de pragmatisme dans ses choix électoraux ». Un message direct. Faut-il y voir la main invisible d’Airbus ?
En face, le communiqué, plus modéré, du Medef Hérault Montpellier : « Nous sommes et resterons neutres ». L’orientation globale, sans surprise, est la même que celle des copains toulousains, mais étayée par un sondage interne. « Les adhérents du Medef Hérault Montpellier jugent très majoritairement les programmes économiques du RN et du Nouveau Front Populaire comme dangereux pour l’économie française (78 % et 80 %), pour notre économie locale, pour la croissance et pour l’emploi ». Les deux communiqués à lire en cliquant ici et là.
Que les élus et partis politiques disent tout le mal qu’ils pensent des camps adverses, arguments à l’appui, qu’ils créent des alliances ou se divisent en interne, c’est normal. C’est leur métier. C’est le jeu démocratique. Et, nous autres journalistes, on s’embêterait sans. Vive les débats où personne ne s’écoute et où tout le monde s’étripe !
Mais le fait que des élites et corps constitués multiplient les consignes de vote, sans aucune précaution oratoire, me semble fouler au pied un principe fondamental. Il est pourtant simple et tient en 4 mots : le peuple est souverain. Même si, visiblement, son imprévisibilité effraie.