Faut-il le dire ? Grosse réunion de vieux potes, ce vendredi, dans quelques pubs irlandais du cœur de Montpellier, pour plagier Gainsbourg – qui parlait de Londres. On parle là de près de 30 ans d’amitiés. Avec certes quelques sombres périodes de vacance entre certains comparses de la bande, mais c’est du costaud. Les automatismes d’antan sont vite retrouvés. Certains ne s’étaient pas vus depuis des années, mais ont repris la discussion comme s’ils s’étaient vus la veille, et faisaient partie de la même famille. Ressorts insondables de l’amitié masculine.
D’accord, ça n’a pas franchement parlé littérature ou philosophie. Et, au compteur du comptoir, … (biiiip) pintes de Guinness englouties. On ne sait plus qui a payé sa tournée (tout le monde, probablement), ni quand. Les règles tacites imposent que l’on s’en foute. Ils imposent aussi de rester debout, même si cela doit être cinq heures durant. C’est un comportement incontournable de soirée dans un bar. Assis, les discussions n’ont pas le même goût.
Une question ultra-sensible, mais comme je m’en fous, je l’aborde : les femmes étaient-elles exclues ? En fait, en tant qu’administrateur du groupe Whatsapp de l’événement (qui s’appelle poétiquement : « Schime potos janvier 24 »), je ne me suis même pas posé la question. Comme c’était une soirée de vieux potes, j’ai invité les vieux potes. À l’un des conviés, qui m’a demandé « Puis-je venir accompagné ? », j’ai répondu « Ben bien sûr, la question ne se pose pas ». Mais l’accompagnatrice en question, de peur de se retrouver esseulée entre discussions de foot et références d’anciens combattants, s’est ravisée. Idem pour mon accompagnatrice à moi, qui m’a glissé : « Vas-y tout seul, ça te fera du bien une soirée entre mecs. » Voilà qui est bien résumé. Quant au lendemain quelque peu difficile, il a été plus que compensé par les bienfaits psychologiques apportés par les sourires, galéjades et moqueries codifiées.
On s’en fout
15 janvier 2024