Après avoir lancé sa nouvelle plateforme TOP (Terminal Ouest Provence) à Miramas (13), le groupe de transport combiné rail-route Open Modal (Saint-Jean-de-Védas, 34) est, via sa filiale BTM, en négociations exclusives avec SNCF Réseau pour acquérir et moderniser le terminal de transport combiné rail/route de Fenouillet (31), à côté de Toulouse, apprend-on auprès de Jean-Claude Brunier, inamovible (80 ans) président du groupe de transport multimodal de fret, employant 350 salariés pour un CA 2024 de 100 M€. Le projet prévoit notamment la mise en place de deux portiques de manutention de nouvelle génération, la décarbonation des installations, l’ouverture des capacités du terminal à des opérateurs tiers… L’investissement, autour de 40 M€, devrait être largement subventionné (à hauteur d’environ 70 %, probablement par la Région Occitanie, l’État, l’Europe, Toulouse Métropole).
Objectifs gouvernementaux. « SNCF Réseau a déjà de très grandes difficultés à entretenir le réseau ferroviaire. Les terminaux ferroviaires qu’il détient passent progressivement dans le giron d’opérateurs privés. Il est impératif de moderniser les terminaux rail/route existants, âgés de près de 50 ans : leurs outillages sont obsolètes, les portiques non productifs, confie le dirigeant aux Indiscrétions. Et ces équipements sont la seule solution opérationnelle de décarbonation du transport terrestre longue distance, pour atteindre les objectifs du gouvernement, à savoir tripler le transport combiné et doubler le fret ferroviaire d’ici à 2030. »
Performance au-delà de 500 km. Le plan de transport d’Open Modal suit trois axes, sur des distances supérieures à 500 km (condition clé pour la compétitivité du rail/route par rapport à la route) : méditerranéen (Lille-Miramas, Bonneuil-Avignon, Nancy-Miramas…), atlantique (Lille-Toulouse et Bordeaux, Valenton-Toulouse et Bordeaux), italien (Valenton vers Novara, Pomezia, Pescara et Bari).
Année 2023 perturbée. Ce dernier axe est perturbé depuis l’an dernier par la fermeture du tunnel de Modane. « Nous espérons une réouverture de ce tunnel, très pertinent par rapport à la route, pour le 1er trimestre 2025. » Entre la fermeture du tunnel de Modane, les grèves SNCF contre la réforme des retraites et l’explosion des prix de l’électricité, Open Modal a perdu en 2023 « entre 5 et 6 M€, avec un CA de 84 M€ (98 M€ en 2022). Heureusement, les exercices dans la période Covid et l’après-Covid avaient été excédentaires. Le transport combiné a prouvé pendant cette période sa grande compétitivité par rapport à la route », analyse Jean-Claude Brunier.
Chaîne du transport combiné. Open Modal maîtrise toute la chaîne du transport combiné, à travers TAB Rail Road (transporteur routier 1.114 caisses mobiles, 208 collaborateurs, agences à Créteil, Toulouse, Saint-Jean-de-Védas et Saint-Thibéry), T3M (opérateur de transport combiné, qui opère des trains d’un terminal à l’autre, près de 2.500 trains en circulation en 2023), BTM (opérateur de terminal multimodal, terminaux à Bonneuil, Valenton, Toulouse-Fenouillet et Miramas) et Combirail (entreprise ferroviaire, rachetée à la barre du tribunal de commerce, 12 locomotives). Un nouveau métier s’ajoute, avec l’acquisition et la modernisation de terminaux auparavant loués. Open Modal s’associe pour ce faire à des promoteurs immobiliers spécialisés, comme Charmade pour le projet de Miramas.
Troisième génération. Incarnant la 3e génération, les trois enfants de Jean-Claude Brunier, Antonin (systèmes d’information et technique), Clémence (DRH et finances) et Jeanne (communication et commerce) ont intégré la PME familiale, créée en 1943 par Jean Brunier. Open Modal compte comme principaux concurrents Novatrans (Groupe Charles-André), Naviland-Cargo, Froidcombi ou encore, parmi les nouveaux arrivants, le groupe Combronde (transports maritimes). « Nous pesons environ un tiers des parts de marché dans le ‘General Cargo’ (marchandises diverses) sur notre segment de marché », précise Jean-Claude Brunier.
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