L’eau de pluie manque dans les Pyrénées-Orientales ? Place à l’eau usée traitée. C’est le projet innovant porté par la communauté de communes Sud Roussillon. Depuis les années 90, Sud Roussillon a construit un double réseau d’eau, long de 150 km, avec une conduite dédiée à l’eau potable, et l’autre alimentée, pour l’irrigation, par l’eau brute de la retenue de Villeneuve-de-la Raho. Or, « l’ASA (association syndicale autorisée) qui gère la retenue fait face à une baisse du niveau d’eau », observe Jérôme Tixador, directeur général des services de Sud Roussillon. L’intercommunalité négocie avec les services de l’État pour faire progresser le taux de réutilisation des eaux usées traitées issues de la station d’épuration de Saint-Cyprien. « Pour l’instant, chaque année, 2 milliards de litres d’eaux usées traitées sont rejetées dans la mer Méditerranée », regrette Thierry Del Poso, maire de Saint-Cyprien et président de l’intercommunalité. Un luxe, alors que l’eau manque. L’idée est d’injecter une partie de ces eaux usées traitées dans la conduite jusqu’à présent uniquement dédiée à l’eau de la retenue de Villeneuve-de-la-Raho.
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Pour ce faire, « Sud Roussillon investit 3 M€ dans une unité de traitement spécifique de nano-filtration, pour que les eaux usées traitées soient classées ‘A France’, niveau plus contraignant que les normes européennes, explique Thierry Del Poso. Nous estimons pouvoir réutiliser 1 milliard de litres, soit 1 million de m3, par an, pour arroser les espaces verts, le golf, et in fine les arboriculteurs puis les maraîchers. La grande sécheresse fait bouger les lignes. La doctrine de l’État a changé. Nous avons une oreille plus attentive ». Des dérogations ont déjà été accordées (20 millions de litres en 2023, 60 millions cette année) pour utiliser les eaux usées traitées selon certains usages : risque incendie, arrosage du golf, certains espaces verts avec des conditions de goutte-à-goutte.