Pour être sélectionné, le projet de Serm de Montpellier atteint une taille critique 

27 mai 2024

Officialisation, le 23 mai lors des « Rencontres des Mobilités urbaines et territoires », organisées par Montpellier Méditerranée Métropole (3M), la Région Occitanie et le Département de l’Hérault, de la candidature de 3M pour la création d’un service express régional métropolitain (Serm) entre 2025 et 2034. L’acte est posé aux côtés de 8 intercommunalités. 

Serm Montpellier
©DR

Révolution à venir. Plus de trains du quotidien, qui seront rendus possible par la nouvelle ligne Montpellier-Perpignan (libérant des sillons ferroviaires sur l’axe existant), des cars à haut niveau de service et des bus tram : d’ici à 2034, c’est une révolution, en termes de mobilité, à laquelle se prépare l’aire urbaine de Montpellier, encore très marquée par l’autosolisme (le fait de se déplacer d’un point A à un point B en étant seul dans sa voiture). 

Michaël Delafosse interpelle directement Emmanuel Macron, alors que la conférence nationale de financement des Serm se tiendra avant fin juin, et que l’arrêté du ministre des Transports pour obtention des premiers statuts de Serm est attendu pour la fin 2024. « Le président de la République ne peut pas ne pas retenir un projet qui affiche des projets lisibles, concrets, réalisables, et qui réunit l’ensemble des acteurs. L’État doit retrouver une conviction d’aménagement du territoire, et les transports en commun participent de l’aménagement du territoire », déclare le maire PS de Montpellier. 

Les entreprises appelées au financement ? Côté financement, il demande la possibilité d’augmenter le Versement Mobilités, redoutée par les entreprises du territoire. « Le taux du Versement Mobilité est déplafonné pour la Région Ile-de-France dans la loi de finances 2024. On ne peut pas être en seconde division », déclare-t-il.

« Rattraper un retard historique ». Alors que Toulouse, capitale régionale, porte un autre projet de Serm en Occitanie, l’élu, également géographe de formation, rappelle « la dynamique démographie du Languedoc, qui contraste avec des investissements très en retard. Avec Airbus, Toulouse a un héritage exceptionnel. On le voit avec l’avancée de la LGV Bordeaux-Toulouse. Il est temps que l’Occitanie Est rattrape un retard historique. D’autant plus que cette partie de la région est l’une des plus fragiles, socialement, au niveau national. S’il nous faut un indicateur, on l’aura le 9 juin ». (traduction : les PS va regarder de près les scores du RN sur l’ex-Languedoc-Roussillon à l’issue des élections européennes).

« Pour les ruraux, les embouteillages pour accéder en ville sont vécus comme une relégation. » « Parler ensemble des questions de mobilité, nous ne l’avions jamais fait. Il faut penser le territoire au sens large, en incluant les collectivités voisines de l’Hérault, mais aussi Nîmes », déclare Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de 3M, qui a engagé de nombreux travaux dans sa ville – 5 lignes de bus’tram, une ligne de tramway, réseaux cyclables… « Le Serm de Montpellier est très original. Il relie des agglomérations importantes, de Sète à Nîmes. C’est un projet équilibré entre transport urbain, interurbain et ferroviaire », complète Jean-Luc Gibelin, vice-président Mobilités à la Région Occitanie. Le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, insiste sur le fait d’inclure les habitants des zones périphériques et rurales, contraints de prendre leur voiture dans leurs déplacements quotidiens, dans l’offre globale de transports publics. « Pour les ruraux, les embouteillages pour accéder en ville sont vécus comme une relégation », observe-t-il. « Une alternative reste à trouver avec le Cœur d’Hérault, admet Michaël Delafosse. Il faut donner des chemins plus rapides, plus efficaces, plus performants. Le nouveau pôle d’échanges multimodal de Gignac préfigure ce travail. »

« Tordre le bras aux DSI ». Pour faire tomber les barrières de billetterie entre modes de transport, un billet unique doit voir le jour. « Nous allons tordre le bras aux DSI (Directions des systèmes d’information, note), qui nous disent que ce n’est pas faisable. Il n’est pas possible de ne pas pouvoir mettre en place un billet unique. À Tallinn (Estonie), tout est numérisé. C’est possible, et c’est primordial pour l’expérience client. »

A709 : récupérer aussi les frais de fonctionnement. Sur l’A709, au droit de Montpellier et concédée à Vinci Autoroutes jusqu’à 2032, « on peut imaginer une voie dédiée au covoiturage et aux bus, quand l’axe sortira de la concession. Mais si on la rétrocède à la Métropole, il faut récupérer les frais de fonctionnement ».

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Parmi les projets programmés : Car express Montpellier Cœur d’Hérault et Montpellier-Pic Saint Loup, bustram entre Montpellier/Place de l’Europe et Castries et Montpellier/Gennevaux vers Cournonsec, liaison intercommunale d’évitement nord (CD 34), car express Montpellier/Garcia Lorca – Poussan, contournement ouest de Montpellier avec utilisation de voies réservées connectées au réseau de tramway de Montpellier, pôles d’échanges multimodaux de Villeneuve-lès-Maguelone,  Frontignan, Castelnau/Sablassou, Nîmes/Saint-Césaire, Saint-André-de-Sangonis…

Le Gard s’invite. Aux côtés de neuf EPCI héraultaises, la communauté d’agglomération de Nîmes est la seule collectivité gardoise dans la candidature de l’aire de Montpellier pour la création d’un service express régional métropolitain. Les deux cités gardoise et héraultaise se sont pourtant longtemps tourné le dos, sur fond de déchirements politiques locaux. Avec la nouvelle génération d’élus, ce temps semble révolu. « 8.000 personnes viennent travailler chaque jour à Montpellier. Le fait d’avoir un pôle Montpellier-Nîmes donne une masse critique à cette candidature. Cela optimise les chances d’être retenus dans la sélection nationale, qui sera connue fin décembre, explique aux Indiscrétions Franck Proust, président de Nîmes Métropole, seul élu gardois présent, le 23 mai. Au travers de ce Serm, Nîmes Métropole veut transformer la gare de Saint-Césaire, à Nîmes, en pôles d’échange multimodal. Ce projet viendra faire écho à la réhabilitation de la zone du Marché Gare. À partir de ce pôle, connecté à la 2e ligne de tram’bus, l’ensemble de la ville pourra être desservie. C’est un projet de cohésion et de structuration, permettant de desservir par des mobilités décarbonées des secteurs-clés comme le CHU Carémeau et les quartiers Politique de la Ville. »

8 trains supplémentaires par jour annoncés par la Région Occitanie. Le déplacement de la gare de Saint-Césaire est inscrit au contrat de plan État/Région. « Je suis prudent sur les délais de réalisation, mais les besoins sont là. Saint-Césaire accueille 10.000 personnes par jour actuellement. Les estimations font état de 50.000 personnes par jour à terme », poursuit l’élu. La Région Occitanie prévoit à l’horizon 2030, six trains par heure en heure de pointe, et huit trains supplémentaires par jour entre Montpellier et Nîmes.
En termes de cadence de TER entre Montpellier et Nîmes, Franck Proust souhaite, à terme, « un train régional LiO tous les quarts d’heure ou toutes les 30 minutes. Quand on connaît les difficultés pour rentrer en voiture dans la métropole de Montpellier, le match entre la route et le rail est joué », souligne-t-il.

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