La mutation du secteur « Ode à la mer » au sud de Montpellier, traîne en longueur. Érigées dans les années 1970 sur la route de la mer, des dizaines de « boîtes à chaussures » commerciales, continuent de se succéder. « Parkings à perte de vue, bâtiments inesthétiques, énergivores et inadaptés, beaucoup étant en zone inondable… La reconfiguration de cette avenue de 6 km, en entrée de ville , est une urgence », estime Christèle Marnas, directrice de l’agence en immobilier d’entreprise Tourny Meyer à Montpellier.
Pour libérer du foncier, la métropole de Montpellier souhaite relocaliser les commerces de cette zone stratégique de 288 hectares, irriguée depuis 2012 par le tramway et proche de l’autoroute. L’idée est d’y aménager des parcs et bassins de rétention contre les inondations, mais aussi d’y bâtir entre 6.000 et 8.000 logements, 115.000 m2 de bureaux et d’activités, 138.000 m2 de commerces en renouvellement et 45.000 m2 d’équipements publics.
Clé de voûte de ce réaménagement urbain d’envergure : le regroupement de près de 300 commerçants de la zone dans un ensemble immobilier compact, mutualisant les parkings et les zones de stockage. En 2020, le nouveau maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole, Michaël Delafosse, acte l’arrêt de ce projet Shopping Promenade, porté par la foncière Frey . Un projet pourtant décidé par cette même collectivité, en 2013. « Le modèle des grandes surfaces en périphérie est obsolète. Les gens ne veulent plus de cela, on le voit dans les pratiques de consommation », justifie l’élu PS. Une position, il est vrai, affichée pendant sa campagne municipale de 2020.
Mais le coup d’arrêt a été vécu comme un camouflet par Frey. Il pourrait coûter « plusieurs dizaines de millions d’euros à la collectivité. Frey a investi 20 millions sur ce projet entre 2014 et 2020 », ajoute une source. L’affaire est devant la cour d’appel administrative de Toulouse.
Autre conséquence, les 281 commerçants concernés par ce transfert-regroupement se retrouvent désormais, à de rares exceptions près, sans solution de relocalisation, dans une métropole où le foncier d’activité fait cruellement défaut. « Et il y avait chez eux une adhésion autour du projet de Frey », complète Christèle Marnas, qui regrette un « immense gâchis urbain ».
« Concentrer des commerces en un seul et même site, doté de services et de loisirs, était une bonne idée, évalue Olivier Portes, ex-directeur Languedoc des magasins But, aujourd’hui en Paca. Et cela aurait permis à chaque enseigne de capter davantage de clientèle. » « Ode à la mer » en est réduit à ce jour à une évolution au coup par coup, avec quelques résidences qui commencent à sortir de terre, au milieu des commerces.
> Sujet paru ce 11 septembre dans Les Échos (à lire ici), dans le cadre d’une contribution à une enquête globale (à lire en cliquant ici).