NG en redressement : le cri de colère du fondateur, Cédric Gonzalez

21 octobre 2024
Cedric Gonzalez NG Promotion
En 18 ans, NG a contribué à casser les codes de la promotion immobilière, notamment en ayant recours à des artistes et des designers : Jean-Charles de Castelbajac, Ora-ito, Daniel Buren, Yann Kersalé, Mist… ©DR

La conversion de la dette en capital, procédée en 2022 à hauteur de 15 M€ auprès de Green Immo et Greline, n’aura pas suffi. Le promoteur immobilier NG (Mauguio – 34), fondé il y a 18 ans, est placé en redressement judiciaire le 11 octobre par le tribunal de commerce de Montpellier, avec une dette d’environ 40 M€. « Ce chiffre est à mettre en miroir avec le portefeuille d’opérations signées par le groupe, d’environ 1 Md€. Mais, avec le ralentissement de l’activité immobilière, nous avons perdu des promesses de vente et des permis de construire, confie Cédric Gonzalez, président de NG. J’ai peut-être été trop ambitieux, je l’admets. Je suis à un tiers de mes objectifs. NG est monté jusqu’à 300 ventes annuelles. Je prévoyais de doubler cette production, et, en trois ans, c’est l’inverse qui s’est produit. » Les origines des difficultés sont multiples : maires « de plus en plus réticents à l’acte de bâtir, avec des opérations qui sont parfois de 100 à 25 logements, alors que le besoin en logements est alarmant », augmentation du prix des matières premières, anticipation de la ZAN, augmentation des taux d’intérêt, complexité croissante à monter les opérations, refus massif de crédits immobiliers en 2023… Au siège de Mauguio, les effectifs sont passés en un an de 50 à 20 salariés. Avec, forcément, une amertume. « En 18 ans, nous avons développé, innové, recruté, investi. À 45 ans, j’essaie de traverser cette période avec sagesse et philosophie. Si je dois disparaître, je disparaîtrai. Mais je ne serai pas le seul. »

« Manque de mobilisation ». Au-delà des difficultés de son entreprise, Cédric Gonzalez lance un cri d’alerte. « L’immobilier, c’est une industrie de première nécessité. Face aux difficultés de l’ensemble de la chaîne – notaires, artisans, promoteurs, aménageurs, entreprises de construction, agents immobiliers, bureaux d’études… -, la mobilisation n’est pas à la hauteur. Les agriculteurs et les soignants ont su se mobiliser et obtenir des mesures. Or, l’immobilier ne voit rien venir, et n’a aucune visibilité. Il faut descendre dans la rue ! Pour notre survie (NG cherche un ou des investisseurs, note), mais aussi au nom de tous les Français qui n’arrivent pas à se loger. » Selon lui, une nouvelle loi de défiscalisation sur l’immobilier neuf pourrait relancer la filière, et avec elle l’économie tout entière. « Il suffit d’appuyer sur un bouton. La défiscalisation immobilière rapporte plus à l’État qu’elle ne lui coûte. On l’avait constaté en 2008 avec la loi Scellier, en pleine crise financière. Je trouve triste que ceux qui ont le pouvoir ne réagissent pas. Si le bâtiment est relancé, toute l’économie sera relancée », s’agace-t-il.

« Business plan d’épicier ». Les ambitions nationales ravalées, NG prépare, dans le cadre de la période d’observation, un « business plan d’épicier (sic) : on va se limiter à une ou deux opérations par an, pour ne pas s’exposer ». Selon lui, « la demande est toujours là, mais les signaux sont catastrophiques. Ce que les gens veulent, c’est acheter leur appartement, dégager des rapports locatifs, pouvoir faire une plus-value, avoir une résidence principale pour la transmettre à leurs enfants. Pas forcément du coliving ou autres pseudo-tendances. Logeons les Français, et les immigrés ! Je suis moi-même issu de l’immigration espagnole. Je n’aurais pas aimé apprendre que mon grand-père, à son arrivée en France, ait été contraint de se loger dans des algecos de fortune ».

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