17 stations de ski des Pyrénées sont passées à la loupe dans le cadre d’une enquête nationale menée par la Chambre régionale des comptes Occitanie concernant les enjeux du changement climatique pour les territoires de montagne en Occitanie.
Des stations menacées. « Il y a un impact important du changement climatique dans les Pyrénées, commence Émilie Bret, magistrate et membre du projet de la formation inter-juridictionnelle (FIJ) montagne. Toutes les stations sont menacées, à court ou moyen terme, en termes d’enneigement et de ressource en eau. »
Problématique démographique et économique. Depuis 50 ans, les montagnes occitanes sont confrontées à un déclin démographique et économique. La population de retraités y est la plus forte d’Occitanie et la proportion de cadres est la plus faible de l’ensemble des massifs français. Par ailleurs, « il y a de moins en moins de skieurs, ce qui entraîne une fragilisation de l’équilibre économique lié aux remontées mécaniques et par-dessus cela le changement climatique accentue ces fragilités ».
Des passoires énergétiques. Le rapport met l’accent sur l’immobilier des stations de montagne pyrénéennes « vieillissant et peu qualitatif », « à l’image de la situation nationale où la moitié des logements sont classés F ou G selon une étude réalisée par Heero », précise Émilie Bret. Une situation qui entraîne une inadéquation croissante entre l’offre locative et la demande de logements de vacances plus qualitatifs. Trois stations des Pyrénées figurent dans le top 5 national des stations de ski aux logements les plus énergivores : Piau Engaly (86 % de logements F et G), la Pierre Saint-Martin (79 %) et Barèges (74 %).
Concurrence mortifère entre stations. En 2019, près de 62 % de la fréquentation en montagne occitane a lieu l’été et 38 % l’hiver. « Il y a déjà un renversement de la fréquentation qui s’opère dans les Pyrénées », explique la magistrate. Ces constats prouvent que la diversification « quatre saisons » est d’ores et déjà engagée par les touristes eux-mêmes. Une désaisonnalisation qui peut s’expliquer par l’attrait des stations thermales et les nombreuses résidences secondaires. « Cependant, les stations rencontrent des difficultés à agir dans un contexte dispersé et les projets peinent à exister. Les moyens ne sont pas assez mutualisés, il y a une concurrence mortifère entre certaines stations. Aussi, certaines demeurent accrochées à un schéma de dépendance au ski », explique-t-elle.
Paradoxe des aides régionales. L’étude pointe du doigt « une intervention publique dispersée » qui peut conduire à des paradoxes dans les choix retenus. « En dépit de sa volonté de ne pas financer d’équipements de production de neige, la Région, actionnaire de sociétés d’économie mixte ou de sociétés publiques locales, ne s’est pas donnée les moyens de contrôler les investissements qui continuent à être envisagés par ces sociétés gestionnaires de domaines skiables pour la production de neige », mentionne le rapport.
43,3 M€. Entre 2018 et 2023, « la chambre évalue à 43,3 M € le niveau d’intervention régionale », indique le rapport. Ces investissements de la Région Occitanie se répartissent ainsi : 29,18 M€ de subventions aux stations et communes supports des stations ; 1,17 M€ de participation au sein de la SEM Compagnie des Pyrénées ; 3,5 M€ à la SPL Trio ; 1,06 M€ à la SAS Compagnie des Pyrénées Participations et à la foncière des Pyrénées, ou encore le subventionnement de l’Agence des Pyrénées depuis 2022 (soit 0,8 M€) ainsi que la quote-part apportée par la Région au « Fonds Tourisme Occitanie » entre 2020 et 2022 soit 6,5 M€.
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