L’eau, territoire d’innovations

9 décembre 2024
L’eau, territoire d’innovations
©GreenPhage

La Région Occitanie a lancé en novembre son appel de l’eau à Bages (11), pour pousser à l’adaptation réglementaire et au prolongement d’Aqua Domitia vers l’Aude et les Pyrénées-Orientales (Les Indiscrétions du 4 novembre, à boire en lisant là). De leur côté, des startups émergent, accompagnées par le pôle de compétitivité Aqua Valley. Les Indiscrétions zooment sur trois d’entre elles, en prélude 

GreenPhage : l’alternative naturelle aux antibactériens classiques. Installée à la pépinière Cap Alpha, à Clapiers, près de Montpellier, la société de biotechnologie GreenPhage développe une nouvelle génération de solutions antibactériennes de précision. GreePhage utilise des bactériophages, des virus naturels qui ciblent et détruisent uniquement les bactéries indésirables. Contrairement aux antibiotiques ou détergents, leurs solutions respectent les microbiotes essentiels à la santé des écosystèmes, des humains et des animaux.

« Nous proposons une alternative naturelle aux traitements chimiques, capable d’éliminer spécifiquement les bactéries indésirables dans l’environnement, avec des applications sur la santé des plantes, humaine (soins dermocosmétique, compléments alimentaires) et animale », explique Denis Costechareyre, cogérant. L’entreprise, créée il y a sept ans et soutenue par le BIC de Montpellier, s’attaque à des enjeux majeurs, tels que la santé des écosystèmes et la lutte contre l’antibiorésistance. Son activité s’articule autour de trois grands axes liés aux problématiques de l’eau : traiter les effluents industriels contaminés (issus par exemple des laiteries ou des abattoirs), assainir les eaux usées avant leur rejet dans des zones sensibles comme le littoral, et permettre leur réutilisation pour l’irrigation agricole.

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« Nos solutions répondent à des défis sociétaux comme le développement du REUSE, une pratique cruciale face au stress hydrique », souligne Pascal Peny, cogérant.
GreenPhage, qui réalise actuellement 130.000 € de chiffre d’affaires, vise un million d’euros en 2026, année où elle espère atteindre la rentabilité. Pour cela, elle finalise une levée de fonds de 2 M€. Cette opération permettra d’accroître la capacité de production, passant de 100 à 1.000 litres hebdomadaires de solutions bactériophages, et de construire sa première usine dédiée au traitement des eaux. « Nous voulons répondre aux besoins des communes littorales et des industries agroalimentaires, tout en élargissant nos applications aux secteurs de la santé humaine et animale », détaille Denis Costechareyre.
Labellisée deeptech par Bpifrance, GreenPhage compte des partenaires académiques tels que l’Inserm, le CHU de Nîmes et le Cirad. L’entreprise, qui compte actuellement six salariés, prévoit de doubler ses effectifs en 2025.

VorteX-io, les ‘Free’ de l’hydrologie. Fondée en 2019 par Guillaume Valladeau et Jean-Christophe Poisson, vorteX-io développe des services de surveillance de cours d’eau en temps réel. « La seule donnée spatiale, de plus en plus utilisée pour observer les cours d’eau et l’hydrologie continentale, ne suffit pas pour gérer et optimiser leur gestion », explique Guillaume Valladeau, qui a travaillé 15 ans dans le spatial. La solution développée par vorteX-io : sorte de pont entre la technologie spatiale et l’hydrologie continentale, il s’agit d’une micro-station connectée, installée au-dessus des cours d’eau à surveiller, qui mesure en temps réel de multiples paramètres hydrologiques : vitesse et température de surface, hauteur d’eau, tout en prenant des images, le tout en temps réel.

Surveiller les petits cours d’eau. D’une taille de 10 cm et alimentée par panneau solaire, cette micro-station s’installe en moins de deux heures. Les données, transmises via GSM (3G/4G) ou Kinéis (connectivité IoT spatiale), sont accessibles sur une plateforme en ligne, ce qui évite de devoir envoyer des techniciens sur le terrain. La maintenance prédictive des boîtiers est également digitalisée. « Nous sommes les “Free” de l’hydrologie : nos solutions sont cinq à dix fois moins chères que celles des concurrents. Avec vorteX-io, il n’y a pas besoin d’investir plusieurs milliers d’euros pour observer et surveiller les cours d’eau », affirme Guillaume Valladeau. Avec une précision centimétrique et un coût réduit, vorteX-io ambitionne de démocratiser la surveillance en temps réel des petits cours d’eau, souvent ignorés malgré leur rôle clé dans les inondations et sécheresses, comme on l’a vu récemment en Ardèche ou dans les Hauts-de-France. Le besoin est criant : en France, « seules 30 % des surfaces hydrologiques sont couvertes en temps réel », indique le dirigeant.

Programme européen. En 2023, vorteX-io a remporté le programme européen EIC Accelerator, pour créer le premier service de prévision des cours d’eau en temps réel. 1.000 boîtiers (fabriqués par plusieurs intégrateurs français sous la direction de l’entreprise Matlog), vorteX-io s’occupant du design du capteur, du traitement des données et des outils d’aide à la décision pour les autorités publiques) sont en cours de déploiement en France et en Croatie d’ici à la fin du premier trimestre 2025, et 1.000 autres vont suivre. Cette montée en puissance s’accompagne d’une levée de fonds de 2,9 M€, réalisée en mai 2024, avec pour principal investisseur la Caisse des Dépôts et Consignations ainsi que MAIF Impact, pour accélérer le développement.

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« Avoir la Caisse des Dépôts à nos côtés montre que nous sommes une solution à impact pour les territoires, avec des indicateurs sur les pourcentages de biens protégés, les vies sécurisées… Nous sommes passés de 13 à plus de 40 collaborateurs en 18 mois », précise Guillaume Valladeau, ajoutant que l’entreprise prévoit de renforcer sa présence en Europe, en Australie et au Canada. L’international, qui ne pèse que 5 % de l’activité, est amené à grossir, via des distributeurs et des partenariats.  

Bassins versants Adour-Garonne et de la Têt. La plateforme SaaS de vorteX-io compte déjà plusieurs dizaines de clients, notamment en Occitanie, région fortement exposée aux risques climatiques. La micro-station équipe notamment le bassin versant Adour-Garonne et les syndicats du bassin versant de l’Agly et de la Têt, dans les Pyrénées-Orientales, pour un suivi précis des sécheresses passées… et à venir. « Notre objectif est de fournir des outils d’aide à la décision pour protéger les populations et préserver les ressources », conclut Guillaume Valladeau. 

Avec une technologie française et un produit d’exploitation de près de 3 millions d’euros en 2024, vorteX-io s’est imposé en 4 ans comme un acteur clé, en Occitanie et au-delà, de l’hydrologie connectée.  

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