Valeur travail et critiques réitérées de la décision de Macron de dissoudre l’Assemblée nationale : l’ex-chef de l’État (2007-2012), retiré des affaires, a gardé son sens de la rhétorique. Retour sur les points clés de son intervention, le 25 juin à la Clinique Saint-Jean Sud de France (Cap Santé, Saint-Jean-de-Védas, 34), organisée par le Cercle Mozart (président : Jean-Marc Maillot), devant environ 400 décideurs de l’Hérault.
« On ne travaille pas assez ». Interrogé par Lamine Gharbi sur les difficultés rencontrées par la médecine libérale, « qui se cherche », Sarkozy a déclaré : « La santé et ses dysfonctionnements viennent illustrer un problème général français. On n’aime pas le travail, et on ne travaille pas assez. On a déjà eu les 35 heures de Martine Aubry (sur lesquelles Nicolas Sarkozy n’est pas revenu lorsqu’il était au pouvoir, note), aujourd’hui, c’est le télétravail. Ne pas être au bureau, et y être, ne produit pas le même effet pour l’entreprise. Le problème, c’est que l’on n’aime plus son travail, et que le travail n’est pas assez récompensé. Trop de gens pensent que l’on peut réussir sans travailler plus que les autres. Un type, je ne sais plus qui, avait dit : « Travailler plus pour gagner plus » (slogan de sa campagne victorieuse de 2007, note) (…). Tout le monde n’est pas obligé de travailler 18h par jour, mais si on veut, on doit pouvoir le faire, pour atteindre un niveau de vie supérieur à celui de sa famille d’origine. Il est impossible de défendre le modèle d’un salaire moyen, chacun allant à la même vitesse. Une France, qui n’est pas morte, veut pouvoir vivre à la vitesse qu’elle a choisie, et non pas à la vitesse qu’on nous impose. Cette France-là n’en peut plus du cadre, des empêchements, du nivellement, des règlements. » Reprenant Freud : « L’être humain est fait pour deux choses : aimer et travailler. »
« Notre démocratie est devenue un régime d’impuissance. » L’autre problème qui mine le pays, selon l’ancien chef de l’État, est « qu’il n’y a pas d’autorité, ni de taulier. Tout le monde veut décider. On est devenus un pays où tout le monde a le droit d’empêcher, et où personne n’a le droit de faire. L’association défendant les crapauds à dos orange (sic) peut bloquer un équipement dont toute une région a besoin. Notre démocratie est devenue un régime d’impuissance. Par exemple, qui décide dans le secteur de la santé : les syndicats, les chefs de services, le ministre ? La vie est verticale, et non pas horizontale. Il n’existe pas une famille, une association, une entreprise, un pays, qui puisse fonctionner sans un leader. » Pour qu’un leader soit suivi, « il doit dire vrai, avoir du vécu. Ce n’est pas une question d’homme ou femme providentiel(le), c’est une question d’incarnation à un moment donné. »
Une dent contre Hollande. L’ex-patron de l’UMP garde une dent contre le socialiste François Hollande, qui l’a battu à la présidentielle de 2012. « Tout le monde n’a pas la même énergie. Regardez Hollande et moi. »
Cicatrice. « L’idée qu’on se vaut tous, je n’y crois pas. Par exemple, je prends la parole devant vous, ce soir. La parole se mérite. Vous voulez ma place, ici à la tribune ? Cela a un prix. Pas un centimètre de ma peau n’a pas une cicatrice. »
La malédiction du consensus. Réputé comme un dirigeant pressé, Sarkozy rejette l’obsession du consensus. « Aujourd’hui, tout le monde cherche le consensus. Cela donne une petite moyenne médiocre. Si on attend que tout le monde tombe d’accord, on aboutit à la mauvaise décision. Les chefs d’entreprises le savent. Ils prennent souvent des décisions qui ne font pas l’unanimité, mais qui permettent d’aller vite. »
Pour le cumul des mandats. « La suppression du cumul des mandats des élus, c’est une stupidité. Les maires n’ont pas de rendez-vous chez les ministres parce qu’ils ne sont pas députés, et les députés, à l’Assemblée nationale, sont en dépression toute la semaine (sic). Moi, j’ai été un cumulard toute ma vie. »
Erreurs et portes défoncées. « J’ai commis plein d’erreurs, mais à chaque fois, j’étais sincère. Quand j’ai dit ‘Casse-toi pauvre con’ à un opposant, je n’aurais pas dû. Mais j’étais sincère ! » Pas diplômé de l’ENA, mais habité par un rêve d’Élysée depuis son enfance, Sarkozy a admis « avoir continué à chercher à défoncer les portes, même lorsqu’elles étaient déjà ouvertes. C’était par habitude ».