Quelles mobilités pour les salariés des entreprises dans une ville moyenne comme Béziers (75.000 habitants, 2e commune de l’Hérault) ? C’est la question sur laquelle se sont penchés Laurence Marty (architecte-urbaniste), Cédric Botella (Instadrone), Olivier Leyssenot (Proxigo), Léon Vicari (Qair) et Jean-Marie Perbost (La Belle Transition), lors de la soirée du Medef Béziers le 16 mai. Les Indiscrétions y étaient.
« La mobilité est le 1er frein à l’emploi », pose Matthieu Ourliac, président du Medef Béziers et fondateur du groupe Caminarem (intérim, portage salarial, solutions RH), lors de la table ronde « Quelles mobilités pour les entreprises ? », organisée dans la concession LG Automobiles à Villeneuve-lès-Béziers (34). « Nous avions des salariés qui venaient en train depuis Montpellier, puis arrivés à la gare de Béziers marchaient pour prendre un bus. Ils en ont eu marre de faire ça matin et soir et ont quitté l’entreprise », illustre Laurence Marty, architecte-urbaniste et cofondatrice du cabinet OMLB Groupe (Béziers).
La gratuité des transports taclée par Ménard. « Le versement mobilité, payé par les entreprises, pourrait être déplafonnée, notamment pour financer les transports en commun. À mons sens, cette taxe doit revenir aux salariés. C’est loin d’être le cas, les zones d’activités étant souvent mal desservies par les transports en commun », affirme Matthieu Ourliac. « Il faudrait qu’il y ait un débat entre les collectivités et les entreprises sur ce que nous pouvons faire de cet argent », admet Robert Ménard, maire de Béziers et président de l’agglomération Béziers Méditerranée. L’élu poursuit, faisant allusion à la gratuité des transports mise en place dans la métropole de Montpellier (lire ci-dessus) : « Je suis absolument opposé à la gratuité des transports. Faire croire que les choses sont gratuites est un mensonge. Chauffeur, entretien des transports… Si ce n’est pas la personne qui monte dans le transport, il y a bien quelqu’un qui doit payer. »
Les villes moyennes oubliées. Parmi les mesures mises en place par le gouvernement pour favoriser les mobilités douces au sein des entreprises : le forfait mobilité durable, qui permet aux entreprises d’accorder 700 euros par an aux salariés qui effectuent des trajets domicile-travail avec des modes de transports respectueux de l’environnement (transports en commun, vélos, trottinettes…). Le montant n’est pas chargé pour les entreprises et est exonéré d’impôts pour les salariés. « C’est une excellente idée pour les grandes métropoles. Mais c’est inapplicable dans certaines des entreprises du Biterrois », déplore Matthieu Ourliac.
Tickets-transports. « À l’instar des tickets-restaurants, nous pourrions imaginer des tickets-transports, qui seraient cofinancés par le salarié et l’entreprise. Cela donnerait du pouvoir d’achat aux salariés », imagine Matthieu Ourliac.
Flotte de véhicules. La voiture reste prédominante dans les mouvements domicile-travail. « Sur les 30 salariés du cabinet d’architecture OMLB Groupe (Béziers), trois (soit 10 %) se déplacent en mobilité douce ou active (trottinette, vélo, et à pied) », observe Laurence Marty. En raison d’horaires de travail différents et de lieu de domicile éloignés, « le covoiturage est trop complexe, analyse-t-elle. Nous allons mettre en place une flotte de véhicules électriques pour les trajets courts, et de véhicules hybrides pour les trajets plus longs. »
Nouveau mandat sous le signe de la souveraineté et de l’écologie. Alors que son 1er mandat à la présidence du Medef Béziers arrive à terme, Matthieu Ourliac annonce devant un parterre d’entrepreneurs se représenter aux prochaines élections avec pour feuille de route la souveraineté et l’écologie. « La souveraineté passe par la réindustrialisation de la France. Sur le territoire, nous avons un projet phare avec Genvia (hydrogène décarboné, note). Pour réindustrialiser au sens large le pays, nous devrons avoir le courage de rouvrir nos mines », indique Matthieu Ourliac. À (re)lire dans Les Échos « Hydrogène : Genvia lancera en 2026 la construction de sa gigafactory à Béziers » (février 2024)
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Stations de mobilité. La startup Proxigo développe de son côté des stations de mobilité multi-services et multi-énergies. « Nous créons des stations de mobilité de façon à apporter une solution à chaque personne, avec des véhicules électriques, des vélos (électrique et mécanique) … Nous allons même déployer un service VTC dans les prochains jours », déclare Olivier Leyssenot, président de Proxigo. En février, la startup a signé l’aménagement de quatre sites sur la communauté de communes de la Domitienne, entre Narbonne et Béziers. « Nous avons également une offre entreprise pour amener des solutions de mobilités aux salariés, en proposant un système de covoiturage interne, des vélos partagés… », explique Olivier Leyssenot. Proxigo travaille avec la clinique Saint-Privat (Boujan-sur-Libron, 34) ou encore l’usine SLB (Béziers).
Avoir un œil sur ce qui menace ses mobilités. « Les entreprises doivent savoir de quelles mobilités elles dépendent : comment se déplacent ses salariés, mais aussi ses fournisseurs, clients, prestataires… », assure Jean-Marie Perbost, cofondateur de La Belle Transition, spécialisée dans la formation aux questions de mobilité. « Il faut se poser les bonnes questions. Par exemple, si le prix des énergies fossiles augmente de 30 %, à quel point mon entreprise sera impactée ? Y penser avant les autres, c’est une force pour prendre des parts de marché. »
Tout à faire. « L’avantage d’être une ville moyenne, c’est que, certes, nous avons pris du retard sur Montpellier ou Toulouse, mais que nous avons tout à faire, sourit Cédric Botella fondateur-gérant d’Instadrone (Servian) et vice-président de l’agence de développement économique Pulse Béziers Méditerranée. Les 150 hectares du parc d’activités de Mazeran vont devoir être pensé en termes de mobilités douces. »