Marché du crédit à l’habitat en berne. « Prêter, c’est notre métier. J’entends dire que les banques ne veulent pas prêter aux particuliers pour leurs projets immobiliers. Mais non, c’est bien la demande qui ralentit », observe Christian Rouchon, DG du CAL, le 8 avril en conférence de presse. Selon lui, la demande de crédits immobiliers s’est ainsi effondrée à partir du 2e semestre, « jusqu’à – 45 % par rapport à 2022 ». Les causes sont multiples : « Conflits dans le monde, niveau de l’inflation, absence de baisse des prix, voire légère hausse dans l’aire de Montpellier. » La baisse des taux d’intérêt, prévue « pour le 2e trimestre 2024 », pourrait relancer le crédit à l’habitat. « Mais ce sera progressif, prévient l’expert. Et on ne peut pas exclure que les clients attendent, en anticipant le fait que la baisse des taux sera progressive ». L’activité n’est cependant pas à l’arrêt, avec 1,5 Md€ de crédits à l’habitat produits, 8.000 foyers accompagnés dans leurs projets et 60 M€ de prêts sur l’habitat social, « un secteur qui demande une expertise particulière, et qui est en ligne avec nos valeurs mutualistes », précise Christophe Pouzol, directeur de l’immobilier au CAL. La banque intervient aussi sur le bail réel solidaire, avec 179 dossiers accordés à ce jour.
Transition énergétique. Le CAL dispose pour la clientèle de professionnels une équipe de 11 experts (recherche de subventions, conseils pour la pose de panneaux solaires sur les toits du hangar…). En 2023, 250 clients ont été accompagnés. « On espère aller plus loin dans les prochaines années », glisse Laurent Sassus, directeur RSE, marketing et communication. Une offre va être lancée en 2024 pour les particuliers (calcul de bilan carbone par exemple). « Plus tard, en 2025, nous comptons lancer une offre de production d’énergie locale. »
Foncière. Le CAL est aussi une solide foncière, qui investit dans la pierre, avec la détention des murs « d’écoles privées supérieures, de 8 immeubles de bureaux, du pied d’immeuble de la future Halle Nova à Cambacérès », égrène Christophe Pouzol. Le CAL a conservé le foncier de son ancien siège social (secteur Saint-Césaire). En lien avec Nîmes Métropole et la Ville de Nîmes, le site va être reconverti en parcs d’activités, indique-t-il.
Côté promotion, Christian Rouchon concède que « l’ensemble de la profession est aux points morts, même si certains opérateurs ont des réserves foncières et peuvent encore voir venir. Nous soutenons les opérations en prêtant, mais aussi en amenant des fonds propres. Notre opération la plus connue est L’Arbre Blanc à Montpellier, où nous sommes intervenus en fonds propres à hauteur de 30 %. Mais nous intervenons aussi en dehors de la métropole, à Sète, Nîmes, Capestang… »
En chiffres. Le CAL emploie 2.769 collaborateurs (205 recrutements en CDI en 2023), et compte environ un million de clients. Le groupe mutualiste compte 172 agences bancaires et 125 relais. « Dans certains villages, en termes de services, il n’y aura bientôt plus que le Crédit Agricole », relève Christian Rouchon. L’exercice 2023 fait apparaître un produit net bancaire de 660,4 M€ et un résultat net de 180,1 M€, pour 3,1 Md€ de fonds propres.
1,5 Md€ de crédits habitat ont été débloqués et 1,98 Md€ de crédits professionnels. Le CAL revendique 34,4 % de parts de marché Crédits.
Le fonds Calen monte en puissance. Le fonds EnR de Calen (Sofilaro) est intervenu en capital dans des opérations « équivalant à 1,6 GW installés, soit 1 million d’habitants », souligne Laurent Brieu, président de Sofilaro. Avec les opérations financées, « on monte à 7 millions d’habitants ». Plus à lire : « Le CAL renforce ses fonds pour les PME innovantes », Les Échos, avril 2023, en cliquant ici
Cambacérès. Le permis de construire du futur siège social de Cambacérès (baptisé « Le Sillon ») sera déposé « avant l’été », pour un démarrage des travaux en 2025, indique Christian Rouchon. Les travaux doivent durer deux ans. « Nous préparons une consultation très précise des entreprises. Nous avons l’expérience du siège de Nîmes, livré récemment. Nous allons capitaliser sur cette expérience pour maîtriser les coûts. Le recours aux matériaux locaux et biosourcés fera partie du cahier des charges de consultation », détaille Christophe Pouzol. Le coût prévisionnel devra rester dans l’enveloppe initiale des 135 M€. « On fait une folie architecturale, mais on ne veut pas faire une folie financière non plus », observe Christian Rouchon.
Plus à lire : « Dream va dessiner le futur siège social du CAL », Les Indiscrétions du 29 janvier, en cliquant ici
Transformation de l’agriculture : où placer le curseur ? Le banquier historique des agriculteurs et des viticulteurs, un secteur en proie à la crise, aux nouveaux modes de consommation et aux difficultés de transmission, se pose une question stratégique : « Jusqu’où peut-on aller ?, interroge Laurent Sassus. On ne peut pas s’immiscer dans la vie des entreprises, ni se substituer au pouvoir politique. Nous allons au contact des organisations professionnelles agricoles, pour partager une vision de l’agriculture de demain. Il faut des consensus pour opérer par exemple un rapprochement entre deux caves coopératives. » « Mais quand il y a trois ou quatre caves coopératives proches de quelques kilomètres, il existe des solutions de mutualisation pour travailler la rentabilité », indique Daniel Connart, président du CAL. En précisant : « Nous accompagnons les projets qui ont du sens. »