L’écosystème de la French Tech Méditerranée (FTM, cluster des startups de l’Hérault et du Gard) « est particulièrement actif autour des questions de souveraineté et de défense, soulève Arnault Ioualalen (Numalis, Montpellier), le 29 novembre à la Cité de l’Économie et des Métiers de Demain (Odysseum, Montpellier, entité de la Région Occitanie), lors d’un point presse du cluster. La FTM est en relation avec l’AID (Agence de l’Innovation de Défense), bras armé du ministère pour l’innovation. L’AID voit dans la French Tech des opportunités pour sourcer de nouvelles innovations, et leur permettre de toucher un public qu’ils n’avaient pas jusqu’à présent en régions ».
Le contexte géopolitique mondial s’y prête particulièrement, entre guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, guerre civile en Syrie… « Le rythme de l’innovation en Ukraine est permanent. Une solution inventée il y a 15 jours est déjà obsolète. Avec le parapluie de l’OTAN, la DGA (Direction Générale de l’Armement) n’est pas habituée à ça. Mais avec un possible désengagement des États-Unis en Ukraine, l’enjeu de l’innovation sur le marché de la Défense devient primordial. »
Deeptech. « La deeptech est l’une des forces du territoire, avec l’IMT Mines Alès, la Satt AxLR, le CNRS ou le Lirmm à Montpellier. Les investisseurs sont davantage orientés vers la deeptech (greentech, cybersécurité…), et moins sur l’hypercroissance de type Licorne, observe Sébastien Lacaze, président de la FTM. Beaucoup d’entreprises du territoire sont labellisées Deeptech par Bpifrance. En matière de greentech, Béziers sera un des axes forts, avec la démarche Eden, le site de SLB et la filière de l’hydrogène décarboné (Genvia). » Autre vecteur de croissance : « La sportech émerge depuis plusieurs années, avec Vogo bien sûr, mais d’autres. Les ressorts de l’innovation viennent d’ailleurs des valeurs du monde du sport : on se retrouve, ici, dans les notions de dépassement de soi et de se fédérer. »
Décarbonation, enjeu du siècle. Selon Sébastien Lacaze, « les sujets de décarbonation, c’est l’enjeu du siècle, et la tech a tout son rôle à jouer : mesure des bilans carbone, mobilités décarbonées, numérique responsable… » À ce titre, « il faut aller chercher des financements européens. Des milliards d’euros vont être investis dans la transition écologique. Il faut se mettre en ordre de bataille pour capter une partie de ces financements, ce qui suppose d’aller rencontrer les acteurs européens. Les projets européens sont portés par de grands consortiums. Cela demande de faire du réseau, de cultiver des réseaux spécifiques, auprès des agences gouvernementales, des CCI… », détaille Arnault Ioualalen.
Observatoire créé en 2025. Un observatoire de la FTM va être créé au 1er trimestre 2025. « Nous avons besoin de data pour faire connaître nos forces. L’observatoire est un outil pour expliquer le risque de l’innovation, et l’économie générée derrière : croissances fortes, flux financiers, taux de réussite, emploi, croissance, chiffre d’affaires, taux de R&D… »
Confronter les pépites au marché. Parmi les priorités : davantage confronter les pépites au marché. « Pourquoi certaines startups passent à côté ? Il faut acculturer l’entrepreneur au business, c’est très important de savoir passer d’une idée à un marché. Cela suppose qu’il faut parfois adapter l’idée. L’innovation doit être agile. Il faut savoir toujours se remettre en question. » Arnault Ioualalen explique l’avoir vécu lui-même : « Soutenue en 2012, ma thèse portait sur un outil corrigeant les erreurs de calcul des ordinateurs. Les structures d’accompagnement, dont la Satt AxLR, ont mis en évidence le fait que ce qu’on avait inventé ne répondait pas au besoin du marché. Nous avons réorienté notre innovation, pour l’amener à regarder les erreurs de comportements des IA. Là, il y a un vrai marché, et un sujet pour les industriels. » « Pour ma part, j’ai pris six mois à écouter les industriels du secteur avant de faire la première ligne de code de mon produit (LookUp Geoscience), ajoute Sébastien Lacaze. J’ai coconstruit la solution avec les futurs clients. Ils ont trouvé cette démarche très novatrice. » « La FTM ne finance pas, mais favorise la connaissance des acteurs et des enjeux, ainsi que les mises en lien », complète Laure Lenzotti, sa directrice.
Meet, Think and Act, ce 12 décembre. Ateliers thématiques (impact, financement, souveraineté, commande publique, sportech…), table ronde ouverte explorant les enjeux de l’impact dans l’écosystème tech, soirée networking… Ce jeudi 12 décembre, la FTM organise la session hivernale de « Meet, Think and Act », à partir de 13h30. Inscriptions en ligne, en cliquant ici