EnR : le préfet de l’Hérault demande aux développeurs d’intégrer davantage la biodiversité

25 novembre 2024
francois xavier lauch
François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault, le 21 novembre au Planet Ocean (Odysseum, Montpellier), lors d’une rencontre avec les développeurs d’énergies renouvelables. ©Hubert Vialatte (Agencehv).

« Dans les projets que vous déposez, les questions de biodiversité ne sont pas assez étudiées. On regarde trop peu la chute de la biodiversité en France. Cet enjeu doit être intégré à la base de vos projets, car je vois se multiplier les contentieux sur les sujets de biodiversité, autour des projets photovoltaïques et éoliens », lance, le 21 novembre, François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault, lors d’une rencontre organisée par l’État avec les développeurs d’énergies renouvelables, à Planet Ocean (Montpellier). Avant d’ajouter : « Si la biodiversité n’est pas assez considérée en amont, le juge judiciaire finira par bloquer des projets. C’est un risque. »

« Tailler dans les procédures ». De son côté, le préfet entend agir pour accélérer les projets. « J’ai donné instruction aux services de l’État d’accélérer les projets, en taillant le plus vite possible dans les procédures et en accordant les autorisations. L’objectif, c’est aussi de dire tout de suite quand un projet est mauvais, pour que le rejet soit rapide. » François-Xavier Lauch entend exploiter davantage le patrimoine de l’État en matière d’EnR, faisant allusion aux « bordures d’infrastructures routières (A9, A75, A750 pour l’Hérault) et aux toitures des bâtiments de l’État ». Le représentant de l’État invite les développeurs à diversifier leurs projets : « Dans l’Hérault, il faut multiplier par 5 la puissance installée en photovoltaïques. On n’y est pas du tout. Il faut multiplier les projets sur les parkings, les toitures des maisons, l’agrivoltaïsme, mais aussi avec des centrales au sol, dans des espaces qui n’entrent pas en contradiction avec des espaces agricoles, comme des anciennes carrières ou des décharges. »

Pôle EnR : passage obligé. Le pôle EnR, créé en préfecture, est devenu un « passage obligé pour tout projet. Ce pôle se réunit une fois par mois, sous la présidence de Guillaume Raymond, secrétaire général adjoint de la préfecture. Ce pôle réunit la DDTM, la Dreal, l’AMF 34, le Département de l’Hérault, Enedis, la Chambre d’Agriculture… C’est un gain de temps pour les opérateurs ». Le nombre de projets photovoltaïques diminue en 2024 (5 projets présentés, au lieu de 22 en 2023). À l’inverse, le nombre de projets agrivoltaïques augmente : 9 en 2024, au lieu de 6 l’an dernier.

Le projet Solarzac sur la sellette. Sur l’agrivoltaïsme, François-Xavier Lauch estime que « les EnR peuvent être un complément de revenus pour les agriculteurs, sans éliminer la production agricole ». Avec des garde-fous : « Un projet peut être accepté s’il participe directement à l’activité agricole. Je suis frappé du nombre de projets agrivoltaïques ‘alibi’, qui ne servent pas directement l’agriculture ». Et, sans le citer, d’évoquer à mots couverts le projet Solarzac, qui suscite de vives oppositions locales : « Il y a un projet en plein milieu du Larzac, en zone Unesco, selon lequel des panneaux solaires abriteraient les moutons du soleil. Sauf que, dans le secteur, il n’y a pas d’éleveur. Le porteur du projet s’est-il questionné sur la zone de protection Unesco ? Il faut être sérieux sur les éléments de cadrage. »

Zones d’accélération. Cinq communes ont défini des zones d’accélération des EnR (ZAER), soit 12 % des surface de ZAER éolien définies sur la région. Pour la seconde période de définition des ZAER, la préfecture souhaite « davantage étudier les possibilités de ‘repowering’ et les extensions de parcs existants, qui peuvent aussi faire l’objet de ZAER » et « mieux mobiliser la carte des zones favorables à l’éolien, grâce au portail national ». 

Compatibilité avec les documents d’urbanisme. La DDTM insiste sur « la comptabilité des projets d’EnR avec les documents d’urbanisme. Le contact en amont avec les collectivités est essentiel pour que les EnR soient intégrées » dans les schémas d’aménagement. 

Investissements d’Enedis. Enedis prévoit de construire « d’ici à 2030 quelque 80 postes-sources dans l’Hérault, pour le développement des énergies renouvelables », déclare Agnès Gelin, déléguée territoriale d’Enedis dans l’Hérault. À l’échelle de l’Occitanie, 1.000 recrutements sont prévus d’ici à 2027. 

Share This