Dans la famille Mateu, on connaissait Michel, le père, et Caroline et Clément, ses enfants, dans la success story de Hexis (Frontignan – 34). Leur cousin Alexandre, très discret jusqu’à présent, fait désormais parler de lui. Seul concepteur et producteur français d’isolants diélectriques en papier technique, vernis d’imprégnation ou résine, SEG Diélectriques lève en effet 1,5 M€ auprès d’IRDI Capital Investissement, via son fonds Irdi Impulsion. L’opération doit permettre de faire face à un fort plan de croissance de cette PME de 50 salariés, réalisant 9,3 M€ de chiffre d’affaires en 2023. « Alors que le marché des voitures électrifiées est en pleine croissance, SEG entend se positionner comme un leader européen de l’isolation électrique pour moteurs, rotors bobinés, carters de batteries, électronique de puissance… Avec en moyenne 0,2 m2 d’isolants, un moteur électrique nécessite 10 fois plus d’isolants qu’un alternateur d’une voiture thermique », explique Alexandre Mateu, président, incarnant la 3e génération.
Le marché de l’électrification évolue : les moteurs, de plus en plus performants, nécessitent « de nouvelles gammes d’isolants haute performance. » Outre le marché automobile, les isolants de SEG ciblent l’énergie, notamment les transformateurs électriques et les data centers, et les moteurs électriques industriels de type machines-outils. Parmi les diversifications en cours, le développement d’isolants pour les éoliennes, des films isolants anti-propagation de feu dans les serres agricoles et l’appartenance à un consortium travaillant avec l’IRT Saint-Exupéry (Toulouse) sur l’isolation des moteurs des futurs avions électrifiés ou hydrogène.
Appels d’offres de constructeurs automobiles. Créé en 1946, SEG va investir « entre 1,5 et 3 M€ pour moderniser l’usine de 6.600 m2 à Poussan, et répondre à l’exigence de qualité des constructeurs automobiles », précise Renaud Casanova, directeur commercial, devenu actionnaire minoritaire à l’occasion de la levée de fonds. L’opération accompagne aussi une campagne de recrutements, en vue d’un doublement des effectifs d’ici à 2027, le renforcement de la R&D dans les produits et le contrôle qualité, et une amélioration dans la collecte et le traitement des données.
S’appuyant sur la certification IATF – 16949, spécifique à la démarche qualité dans le secteur automobile, la SEG se positionner sur des appels d’offres « colossaux, pouvant représenter jusqu’à 10 fois notre chiffre d’affaires », lancés par des constructeurs tels que Porsche, BMW ou Volkswagen. « Nous avons notre place. Avec l’avantage d’une production en France, ce qui garantit aux clients une rapidité dans l’approvisionnement », complète Renaud Casanova. SEG est aussi sollicité par des fabricants de composants de batteries électriques. À l’horizon 2027, SEG cible un chiffre d’affaires de 25 M€.
Le défi du recrutement. Environ 40 % de l’activité est réalisée à l’export, dans 55 pays, SEG étant notamment fournisseur d’isolants pour alternateurs des sites de Valeo en Chine, Brésil et Turquie. Le recrutement reste un défi, dans une partie de l’Occitanie peu industrialisée. « Il n’y a pas les compétences sur place. Nous sommes obligés de débaucher. Cela suppose un gros travail sur notre marque employeur, inexistante à ce jour. Nous souhaitons à présent prendre une autre dimension pour nous faire connaître », admet Renaud Casanova.
Ce dernier a rejoint SEG Diélectriques il y a deux ans, après une expérience de 15 ans chez un équipementier automobile japonais. « J’ai passé plusieurs années au Japon, et souhaitais me lancer un nouveau défi, confie-t-il aux Indiscrétions. SEG Diélectriques connaît une transformation de ses marchés. Un nouvel élan est impulsé. »