Depuis Montpellier, Atelier Tuffery lance une stratégie de conquête commerciale

17 juin 2024
Inauguration Tuffery Montpellier
De g. à d. : Myriam et Julien Tuffery aux côtés de Michaël Delafosse, lors de l’inauguration de la boutique montpelliéraine Atelier Tuffery, le 13 juin ©Hubert Vialatte

Signe d’un savoir-faire artisanal centenaire, la machine à coudre Singer trône à l’entrée de la nouvelle boutique de jeans Tuffery (13 boulevard du Jeu-de-Paume à Montpellier), inaugurée ce 13 juin. Cette implantation, définitive après un pop-up store au 10 place de la Comédie en 2023, « est le prolongement de notre manufacture et show-room de Florac, mais aussi un prototype de ce que seront dans le futur les boutiques Atelier Tuffery ailleurs en France, à commencer par Paris. Nous avons travaillé comme des fous sur l’outil de production, pendant 8 ans, en hybridant les tâches pour éviter qu’elles ne soient répétitives pour les couturières. Maintenant que cette étape est franchie, nous mettons le cap sur le développement commercial », explique Julien Tuffery, à la tête de la PME de 38 salariés, avec son épouse Myriam, depuis 2016 (le communiqué relatif à l’ouverture de la boutique à lire en cliquant là). La création de cet espace représente, pour la PME lozérienne, un investissement global de 350 k€, « sans compter la formation de l’équipe, qui a passé du temps à la manufacture à Florac. Cette boutique, c’est un lieu où l’on achète, mais aussi où l’on apprend, où l’on peut s’informer sur les fibres naturelles. Il peut être privatisé pour des jeans sur mesure. Nous allons organiser des ateliers, par exemple d’upcycling avec le recyclage de vieux jeans en bobs ou bananes, détaille Julien Tuffery. Des rencontres seront aussi organisées, autour de la politique RSE, du sens de la manufacture… »

Jeu de Paume : un emplacement « à la fois choisi et subi ». « L’emplacement est à la fois subi et choisi. Choisi, car on fait un pari sur l’avenir, on croit dans ce secteur de la ville, qui est en train d’éclore avec l’extension du centre-ville piétonnier. Par ailleurs, Tuffery est plus une boutique de destination que jouant le rôle de capteur de badauds. Les études menées lorsque nous avions le pop-up store place de la Comédie ont montré cette tendance. Nous pouvions nous éloigner de l’ultracentre-ville. » Emplacement subi d’un autre côté, « car nous n’avons pas trouvé plus grand ailleurs. Or, nous avons besoin de surface pour développer notre concept. Ici, le local développe 140 m2 traversants, avec des jeux de rideaux séparant les activités. Nous pouvons être livrés rue Cabanel, à l’arrière ».

Mode alternative. Dans un secteur du textile et de l’habillement en pleine crise, Tuffery parvient à percer, en ciblant une clientèle CSP +. « Plus des enseignes comme Zara seront grosses, plus cela ouvrira des alternatives pour nous. Ce lieu incarne une mode alternative, élégante et sincère », déroule l’ancien ingénieur, qui a débuté sa carrière chez Veolia à Perpignan.

Bilan carbone des jeans avec l’Ademe. Un travail est mené avec l’Ademe pour créer un bilan carbone des jeans vendus. « L’idée est d’apporter aux clients de vrais calculs d’empreinte carbone avec l’Ademe, et non pas de nous contenter de dire que nous faisons de la mode en circuit court, avance Myriam Tuffery. Chiffres à l’appui, nous pouvons désormais prouver que nos jeans consomment trois fois moins de CO2 qu’un modèle vendu dans le prêt-à-porter classique. Nous sommes en avance sur ce plan. Demain, tous les vêtements devront afficher une empreinte carbone basse. »

Une manufacture à Montpellier. Julien et Myriam Tuffery n’excluent pas l’ouverture d’une 2e manufacture à Montpellier, celle de Florac (2.000 m2) permettant la production de 60.000 unités par an. « Montpellier de la ville de la tech, du digital, d’une sorte de ‘hype’ (tendance), sourit Julien Tuffery. Mais n’oublions pas que les manufactures sont très inclusives. Que fait-on de ceux qui se retrouvent en échec scolaire, des personnes en situation de décrochage ? À Florac, nous avons embauché une Albanaise, qui ne savait pas écrire français il y a 5 ans. Aujourd’hui, elle la locomotive de l’atelier. De façon générale, le travail manuel redeviendra une source d’émancipation créative dans les dix prochaines années. Surtout avec l’avènement de l’IA, qui va impacter les métiers du conseil et des quartiers d’affaires. »

Delafosse : projet place Molière. Selon le maire Michaël Delafosse, présent à l’inauguration, « Tuffery incarne le nouveau visage du commerce, avec des notions de décarbonation et de réindustrialisation. Cette implantation s’inscrit dans une redynamisation commerciale du secteur : librairies, Nespresso, et l’enseigne Northface qui arrive. On sent que la rue du Faubourg du Courreau repart. Avant, tout l’argent public partait pour le quartier Port-Marianne. Aujourd’hui, je souhaite qu’il aille au centre-ville. La place Molière, derrière l’Opéra Comédie, pourrait devenir un nouveau lieu de vie. À l’heure où beaucoup d’enseignes textiles ferment, notamment les franchisés, le commerce se réinvente. » Une implantation commerciale rue Maguelone, dans l’immeuble du Capoulié, est prévue pour novembre 2025.

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