Dans l’Hérault, la filière du bâtiment fait grise mine

20 janvier 2025
Gilbert Comos, président de la FFB Hérault, lors de son point presse pour dresser un bilan de 2024. © Jules Mestre
Gilbert Comos, président de la FFB Hérault, lors de son point presse pour dresser un bilan de 2024. © Jules Mestre

Ce vendredi 17 janvier, la Fédération française du bâtiment Hérault adresse des vœux à ses adhérents, au sein de la chapelle du Domaine de la Providence, à Montpellier. En amont, Gilbert Comos, président de la FFB Hérault tient un point presse pour dresser un bilan de l’année 2024 dans son secteur. Une heure riche en chiffres, suivie Les Indiscrétions. Café de rigueur. 

Le secteur connaît une crise inédite. Dans l’Hérault, le son de cloche est le même qu’en Occitanie (Nous avions participé à la conférence de presse du 12 décembre ici). « À l’heure actuelle, on en est à un stade que nous avions peur d’atteindre, explique Gilbert Comos. Le secteur du bâtiment et de la construction connaît une crise inédite par sa brutalité depuis le début des années 90, et la crise inhérente à la guerre du Golfe »

1.000 emplois perdus en 2024. À l’échelle du département, le bâtiment a perdu 1000 emplois au cours de l’année 2024, et projette d’en perdre 2.000 de plus en 2025.

360 entreprises ont déposé le bilan en 2024. « Et ce qu’on remarque, c’est que ce sont des entreprises de toutes tailles, avoue Gilbert Comos. On a des TPE, comme des entreprises présentes depuis 20 ou 30 dans la filière, qui avaient pignon sur rue ».

Le bâtiment, poids lourd de l’économie héraultaise. « Au national, le secteur du bâtiment pèse 6,5 % du produit intérieur brut. Dans l’Hérault, ça représente 10 % », souligne Gilbert Comos, pour rappeler l’importance du bâtiment dans l’économie du département. 

L’activité en chute libre. En 2024, la production de logements neufs dans l’Hérault atteindra son point le plus bas depuis les années 50 (idem en Occitanie, et en France). En moyenne, en Occitanie, 41.000 logements neufs ont été produits annuellement entre 2013 et 2023. En 2024, 26.950, et 25.800 projetés en 2025. 

Un secteur pourtant pourvoyeur d’emplois. « 40 % de nos prix de vente, c’est notre masse salariale, le bâtiment est pourvoyeur d’emplois », développe Gilbert Comos.

Plusieurs pistes d’explication à la crise. Gilbert Comos souligne plusieurs pistes pour expliquer la crise que traverse le bâtiment. « Le report des marchés de 2020 à 2021 a désorganisé tout le monde. Juste après, il y a eu la guerre en Ukraine. Je pense que ce sont ces variations conjoncturelles brutales et rapprochées dans le temps qui ont tout fragilisé. » Le président de la FFB Hérault pense également que le remboursement du prêt garanti par l’État a déréglé le marché. « Le PGE, je pense qu’il fallait en user, pas en abuser. On a eu une période où les entreprises qui avaient fait un PGE tournaient mieux que celles qui n’en avaient pas fait. Mais c’était un prêt, pas une subvention », ajoute-t-il. 

Année électorale = ralentissement ? Avec les élections municipales en 2026, et élection présidentielle en 2027, Gilbert Comos craint un nouveau ralentissement de l’activité. « Chaque année électorale, notre secteur est un peu à l’arrêt, le calendrier n’est pas en notre faveur, je dois l’admettre », glisse-t-il. 

Innovation : la réponse à Delafosse« Je tiens à réagir à quelque chose que j’ai lu dans les Indiscrétions… M. Delafosse (maire de Montpellier), lors des vœux de la Fédération des promoteurs immobiliers Occitanie-Méditerranée, a appelé notre filière à travailler l’innovation, la stratégie du réemploi, les processus d’industrialisation pour réduire les coûts de construction (à (re)lire ici). Nous sommes déjà à la tâche, et notamment avec un groupe de travail avec la FPI et Altémed. Je tiens à dire que le coût de construction ne fait pas tout. Ça représente 50 % du prix de revient. Il faudrait revenir, le temps de 2 ou 3 ans, à une péréquation qu’on avait auparavant, avec seulement 25 % de logements sociaux et intermédiaires. Les 75 % restants étant destinés à des jeunes primo-accédants, ça permettrait de baisser le prix de sortie. Aujourd’hui, il faut, au moins au local, relever le seuil des logements libres dans les projets immobiliers. »

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Les vœux de la FFB Hérault, une première depuis 2019. « C’est la première fois depuis 6 ans que nous organisons ces vœux, ce sont mes premiers en tant que président, souffle Gilbert Comos. Mais si nous les organisons, c’est aussi parce qu’ils ont été demandés par nos adhérents. Nous attendons plus de 250 personnes, sur 800 adhérents »

La FFB lance plusieurs propositions pour inverser la courbe. Dans ce contexte, la FFB lance plusieurs propositions pour inverser la courbe, en particulier sur le logement neuf : 

Relancer la construction de logements sociaux en plafonnant la réduction de loyer de solidarité (RLS) à 1,1 Md€ par an (contre 1,3 Md€ actuellement). Cette mesure permettrait de construire 650 logements locatifs sociaux, rien qu’en Occitanie. 

Relancer l’accession à la propriété avec le rétablissement du PTZ et la suppression des préconisations du Haut conseil de stabilité financière qui engendrent 20 % des refus de crédit). 

Instaurer un régime universel d’investissement locatif privé avec la création d’un statut du bailleur privé, et proposer une transition pour la sortie du dispositif « Pinel ». 

Faciliter les donations en ligne pour le neuf. Adopter une mesure « donations » en faveur de l’acquisition ou de la construction d’une résidence principale dans le neuf, avec un plafond d’exonération à 100.000 €. 

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