L’Union des Distilleries de la Méditerranée (UDM), basée à Vauvert et présidée par Bruno Guin, et Grap’Sud, basée à Cruviers-Lascours et présidée par Denis Mayol, deux opérateurs gardois de poids de la distillation viticole, annoncent dans un communiqué commun (lire en cliquant ici) la mise en œuvre d’un « projet de partenariats entre leurs structures, dans un contexte de crise profonde et sévère ».
Les deux coopératives, spécialistes dans la collecte et la valorisation des sous-produits viticoles, entendent mettre en commun leurs apports de matières (marc, lies et vins), « afin d’optimiser leur collecte sur le plan logistique, de rationaliser leur transformation au sein des outils industriels et de mettre en place une commercialisation en commun ». Autre annonce, la mise en place de participations croisées au sein de la Distillerie Romann et de la Distillerie du Beaujolais, « pour développer un pôle industriel fort dans le quart nord-est de la France ».
Enfin, une coopération va être développée sur l’activité de production de moûts concentrés rectifiés, par une prise de participation de l’UDM au sein de Gardovial, outil industriel de Grap’Sud en Espagne.
Transitions énergétique et environnementale. La mise en place de ces partenariats pourrait être effective au 1er août. « Alors qu’un plan d’arrachage massif est évoqué et affectera les volumes de matières à traiter par nos entreprises, il nous semble essentiel d’œuvrer à unir nos forces, pour que nos distilleries continuent à servir leurs adhérents et à soutenir la filière viticole dans ses mutations », déclare Bruno Guin. « Nos structures coopératives ont toujours été pionnières pour rassembler et consolider notre secteur », ajoute Denis Mayol. Les deux dirigeants insistent aussi sur la nécessité d’accélérer sur les démarches de transitions énergétique, hydrique et environnementale.
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Près de la moitié des besoins énergétiques d’UDM sont couverts par ses propres résidus (tourteaux de pépins notamment), « assurant un sourcing autonome et décarboné. Nous restons largement dépendants du gaz pour l’autre moitié », détaille auprès des Indiscrétions Hugues Maignan, DG d’UDM. Grap’Sud va investir dans une nouvelle chaudière biomasse pour décarboner sa production sur son site principal. UDM dispose déjà de chaudières biomasse ». Depuis de nombreuses années, l’UDM travaille au recyclage de ses eaux usées dans le process : diffusion des marcs, eau pour les tours aéroréfrigérées, eau de lavage de l’électrofiltre…
Parmi les principaux marchés d’UDM : alcools destinés aux marchés de la biocarburation (bioéthanol), de l’industrie (solvant, peinture, parfumerie, pharmacie), des spiritueux ; Moût concentré rectifié, sucre naturel du raisin vendu sur les marchés œnologiques et agroalimentaires ; Polyphénols (de pépins ou de pellicules), molécules vendues comme antioxydants naturels sur les marchés de nutrition humaine et animale, de nutraceutique, de cosmétique ou comme tanins œnologiques ; Pulpes destinés à des applications agronomiques (amendements organiques et engrais organo-minéraux), etc. Grap’Sud compte pour sa part 4 sites de production, trois en France et un en Espagne, à San Clemente, ainsi que sept sites de collecte.
Le nouveau groupe pèsera plus de 100 M€. L’UDM traite environ 200.000 tonnes de marc, lies et vins par an, pour un chiffre d’affaires 2022-23 de 55,7 M€, et Grap’Sud environ 100.000 t par an pour un chiffre d’affaires de 53,1 M€. « Les deux groupes collectent des sous-produits sur plus de 25 départements, allant de la Champagne et de l’Alsace dans le Nord jusqu’aux Pyrénées-Orientales et au Var dans le Sud. Nous couvrons ensemble l’essentiel des zones viticoles d’une grande moitié est de la France », conclut Hugues Maignan. Les deux entités emploient au total environ 250 salariés (133 pour UDM, environ 120 pour Grap’Sud).