Sale Noël pour le bâtiment occitan. Spécialistes respectifs du gros œuvre et du second œuvre du bâtiment, François Fondeville SA (Perpignan) et Vassiléo (Béziers), viennent d’être liquidées, sur décision des tribunaux de commerce de Toulouse et Béziers, les 5 et 6 décembre. Victimes d’une baisse des commandes, mais aussi d’erreurs stratégiques. Plus de 300 salariés sont licenciés : 200 pour Fondeville, entreprise familiale centenaire, créée en 1910 dans les Pyrénées-Orientales, et 116 pour le biterrois Vassiléo, née en 2020 de la fusion de groupes de bâtiment languedociens.
Fondeville, dont la liquidation sera effective le 2 janvier, a connu une évolution fulgurante de son activité dans les années 2000 et 2010. En décrochant plusieurs chantiers phares : gare TGV de Montpellier, avec Icade, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la SNCF, grande salle Arena Sud de France à Montpellier, théâtre de l’Archipel à Perpignan, ou encore, en conception-réalisation, les centres hospitaliers de Carcassonne et Villeneuve-sur-Lot, l’institut hospitalo-universitaire des maladies infectieuses et tropicales de Marseille…
Une réussite, et une chute, que la profession attribue en partie à des prix trop bas pratiqués par Fondeville. « Dans la profession, personne n’est surpris de cette liquidation. La PME a fait de la course au volume, au détriment de la marge. C’était la fuite en avant, sous la pression de leurs clients. Et quand on fait peu de marges, à un moment, on ne peut plus assumer ses frais fixes », souligne Céline Torres, présidente du Pôle Habitat FFB Occitanie. La PME catalane proposait des niveaux de prix inférieurs « de 10 à 25 % par rapport à la moyenne des entreprises. Les maîtres d’ouvrage publics et privés en ont profité », s’agace une source au sein d’une FFB départementale. Selon Céline Torres, la politique tarifaire de Fondeville a contribué à « plomber le marché, tirant les prix d’autres acteurs vers le bas ». Autre erreur, la direction de Fondeville « n’a pas adapté son encadrement et son organisation à la montée en puissance », glisse-t-on au sein de la FFB.
Régulation du marché. Cette liquidation est, selon Céline Torres, « la preuve que le marché va se réguler, vers des méthodes de travail plus respectueuses des salariés ». Après un premier redressement judiciaire en 2018, marqué par un plan de continuation de 13 ans, Fondeville accusait à fin 2023 un passif de 34 M€, malgré la cession de sa filiale hôtellerie et résidences seniors Arrelia au groupe Oc Santé. Raymond Fondeville, PDG, n’a pas répondu aux sollicitations des Indiscrétions.
Opérations plantées. Avec cette liquidation, plusieurs opérations en cours, attribuées à Fondeville, pourraient se retrouver « plantées » : résidence étudiante du Crous de 290 logements, avenue de la Justice de Castelnau à Montpellier, opérations en conception-réalisation pour Hérault Logement (deux en cours, dans le quartier Croix d’Argent à Montpellier et une autre à Gigean), pôle sportif pour la Ville de Marseillan, Sogeprom-Pragma sur l’îlot Duguesclin…
De son côté, le Groupe Vassiléo fait état d’une « fusion ratée entre Balester Mapsols et Libes Sopesud, en 2021. Plusieurs millions d’euros de pertes ont été découvertes a posteriori » – le post de Jean-Marc Trinquier, PDG, à lire en cliquant ici. Un défaut d’investisseur (Akoris), en septembre, et la dégradation de la conjoncture dans le secteur ont précipité la chute. « Le chiffre d’affaires a atteint son apogée en 2021, avec 27 M€, mais avait baissé ces deux dernières années », admet-il.
Point plus positif, pour les anciens salariés de Fondeville et Vassiléo : la plupart devrait retrouver du travail rapidement, les difficultés de recrutements dans le bâtiment restant persistantes.