Interrogé par Les Indiscrétions, le nordiste Pascal Boulanger, président de la puissante Fédération des Promoteurs Immobiliers, fulmine : « Avec les élections législatives, on va encore perdre trois mois, alors que les promoteurs ne vendent plus rien, qu’il n’y a plus d’offre (le nombre de logements construits s’effondre de 165.000 en temps normal à moins de 70.000 cette année, dont 40 % vendus à des bailleurs sociaux) et plus de demande. Je ne parle même pas de politique, mais de simple calendrier. Il nous faut attendre qu’un nouveau gouvernement soit composé. Passera l’été, et on se retrouvera le 10 septembre pour une première réunion, alors que chez nous, la situation est très tendue, avec notre métier qui s’arrête doucement. Il faudra le temps que le nouveau ministre du Logement – quelle que soit sa couleur politique – comprenne les enjeux, qu’on refasse des réunions pour lui expliquer la profondeur du problème… En trois ans de mandat, j’ai connu 4 ministres du Logement, ça fera mon 5e ! Il faut repartir de zéro à chaque fois. »
D’après lui, le taux d’écoulement des programmes s’est considérablement allongé, passant en deux ans « de 8 à 22 mois. C’est presque 3 fois plus de temps, pour écouler une offre divisée par deux ». La profession fait face « à un manque de fonds propres, bloqués dans des appartements encore en construction, voire construits. Conséquence : les promoteurs ne peuvent pas lancer de nouvelles opérations ». Les issues possibles, pour les promoteurs indépendants : « Soit ils mettent la clé sous la porte, soit les banques continuent à les suivre car ils sont historiquement implantés dans leur région et y ont fait leur preuve depuis des décennies, soit ils optent pour des rapprochements avec des confrères. »
Le programme de rachats de logements par Action Logement et CDC Habitat est qualifié de « médecine d’urgence, alors que l’on préfèrerait ne pas être malades. Il faut que le futur gouvernement, quel qu’il soit, nous aide par la relance, avec une loi de défiscalisation ». Autres demandes : « Des aides aux maires bâtisseurs, la mise en place de prêts hybrides et d’un statut de bailleur privé pour les logements locatifs intermédiaires, et une loi d’exception, exonérant de droit de succession les achats de logements neufs. »
Selon Pascal Boulanger, la promotion immobilière a perdu « 25 % de ses 35.000 salariés, et en aura perdu environ 35 % en fin d’année. Plus aucun promoteur d’embauche. Des collaborateurs de poids partent dans d’autres métiers. Reviendront-ils quand l’activité redémarrera ? Il y a un risque de manque de bras et de cerveaux à ce moment-là. »
La FPI compte 700 adhérents, dont 350 promoteurs (certains majors étant adhérents dans plusieurs fédérations régionales, voire dans toutes).