Spécialisée dans les polymères biosourcés et biodégradables, Biomanity lève 2,2 M€ pour tester et préindustrialiser sa solution. Sa poudre superabsorbante offre une alternative écologique aux produits pétrochimiques. Avec des débouchés dans l’agriculture, la cosmétique et l’industrie.
Créer une alternative aux superabsorbants d’origine pétrochimique, qui seront interdits en Europe à partir de 2028 pour de nombreux usages. C’est l’ambition de Biomanity, deeptech basée au biopôle Euromédecine de Grabels (Montpellier Méditerranée Métropole), qui a développé une poudre biosourcée et sans microplastique, gonflant en présence d’eau et formant un gel la conservant. Ce produit est conçu à base de chitosane modifié – un biopolymère à base de chitine, substance biosourcée produite à partir de carapaces de crustacés, champignons et cuticule d’insectes. La poudre se distingue par sa capacité à absorber jusqu’à un 50 cl d’eau pour un gramme de produit, tout en étant biodégradable en moins d’un an.
Labellisation Deeptech. Pour accélérer son développement sur les marchés de l’agriculture, de la cosmétique, de l’environnement et de l’industrie, Biomanity boucle un financement de 2,2 M€. Ce montant comprend une levée de 1,2 M€ auprès de business angels et un soutien de Bpifrance de 1 M€ (subvention et avances remboursables), obtenu via la labellisation deeptech. L’opération doit financer « des tests en champs en 2025, la préindustrialisation et l’adaptation de notre formule aux différents usages », précise Bernard Gainnier, PDG.
En 2026, l’entreprise ambitionne de lancer au printemps 2026 un démonstrateur capable de produire 50 à 80 kilos par jour, prélude à une future usine commerciale, a priori dans le Sud de la France, dont la capacité devrait atteindre 1.000 tonnes par jour.
Couches-culottes et cosmétique. En agriculture, l’hydrogel de Biomanity joue le rôle de réservoir. Des tests scientifiques menés cet été en Bourgogne sur du maïs en plein champ, non irrigué et non fertilisé, ont permis d’augmenter les rendements de 70 %, avec 50 % d’économie d’eau. Le superabsorbant, placé lors du semis ou enrobé à la graine, permet aux végétaux de disposer d’une réserve d’eau et d’engrais libérée lors de sa biodégradation. « Quand l’agriculteur arrose, ou qu’il pleut, 70 % de l’eau n’est pas utilisée par la plante, une grande quantité ruisselant en-dessous des racines », détaille Bernard Gainnier. La solution contribue aussi à l’élimination des microplastiques et agit pour la biodiversité des sols, car le produit, en se biodégradant, libère des agents nutritifs pour les bactéries du sol.
Autres marchés : les couches-culottes pour bébés, ou encore la cosmétique, où l’agent gélifiant vient remplacer ses homologues pétrochimiques dans des formulations de shampoings. Cofondée en 2017 par Jean-François Daniel et Alexandre Boutros, Biomanity travaille en collaboration avec l’École de Chimie de Montpellier, l’Institut Charles Gerhardt Montpellier (laboratoire de recherche portant sur les matériaux complexes) et le CNRS. Elle emploie neuf salariés et vise un premier chiffre d’affaires en 2028. Deux brevets, en cours de dépôt, devraient être publiés en septembre 2025.