L’économiste et conférencier Philippe Dessertine livre aux Indiscrétions son analyse de la dégradation de la note de la France par l’agence de notation Standard&Poor’s, le 31 mai. « C’est la 2e dégradation de la note de la France en deux ans, après celle de Fitch Rating en 2023, et c’est seulement la troisième dégradation de S&P depuis le début de la notation souveraine. Ce n’est donc pas un événement anodin. C’est un très mauvais signal envoyé sur la gestion des comptes publics, d’ailleurs aggravé par la présentation des comptes de la Sécurité sociale quelques jours plus tôt, qui ont suscité l’alerte de la Cour des comptes. Les marchés financiers considèrent la dette française comme une dette associée à la dette allemande (elle-même notée AAA) du fait de la monnaie unique, ce qui permet de bénéficier de taux favorables. Ce lien est crucial dans le futur, alors que le coût de la dette vient de considérablement augmenter du fait de la hausse des taux d’intérêt. Le gouvernement entretient une sorte de déni sur le danger d’un endettement excessif qui est partagé collectivement, ce qui à terme peut constituer un point de friction très dangereux avec les Allemands et plus largement l’ensemble des européens engagés dans la réduction de leurs déficits publics. Bruno Le Maire a dit qu’il a sauvé l’économie pendant le Covid, mais à cette occasion, l’État, déjà surendetté auparavant, a beaucoup trop dépensé et de manière insuffisamment ciblée. Le retour de bâton viendra à un moment donné, et sera forcément douloureux. »
> Pour l’anecdote : propos recueillis dans le train Intercités entre Toulouse et Montpellier, le 4 juin. Philippe Dessertine était par bonheur assis à côté de moi. Je n’allais quand même pas laisser filer cette occasion.
Philippe Dessertine, l’analyse choc
10 juin 2024