Stupid Economics, La Pieuvre, Marsactu, Lokko, Le Poing, L’Agglo Rieuse… Aux côtés de ses drôles de noms de confrères, Les Indiscrétions se sont fait une petite place, le 23 avril au Diagonal Montpellier, lors des premiers États généraux de la presse indépendante. Manifestation organisée en réaction aux États généraux de l’information, organisés par Manu, dans un contexte de scepticisme général, le président de la République n’ayant pas franchement manifesté depuis 7 ans un respect immense pour le métier de journaliste.
Bon, soyons honnêtes : j’étais un peu en décalage, avec ma veste de costard, et mon appartenance, forcément suspecte, à LVMH, via ma correspondance pour Les Échos depuis 2012. « On a besoin de cette pluralité », m’a (r)assuré Valérie Hernandez, fondatrice du webzine culturel Lokko. Dont acte. Je viens. Les absents ont toujours tort. J’ai ainsi rappelé, dans ce mythique cinéma, que le LVMH en question me foutait une paix royale, en tant que correspondant régional basé à 800 km de la Tour Eiffel. Et que je dispose d’une grande liberté éditoriale dans le choix des sujets.
Qu’a-t-on dit d’autre, en deux heures ?
En creux, que ces titres de presse indépendants, réunis le temps d’une soirée, sont encore fragiles. Il ne faut pas se mentir. Qu’il y a quelque chose à faire ensemble, mais on ne sait pas bien encore comment. Nos modèles économiques au demeurant très diversifiés : gratuité pour les uns, abonnement pour les autres, 100 % digital ou pas, recours à la vidéo et aux podcast pas généralisés, ressources complémentaires apportés par exemple par de l’éducation aux médias (Le Poing).
Nous avons, toutes et tous, pointé aussi l’importance vitale de faire savoir notre savoir-faire. Marsactu, à Marseille, avait ainsi révélé l’insalubrité d’un immeuble, rue d’Aubagne, deux ans avant que ce dernier ne s’effondre, en novembre 2018, tuant 8 personnes. « Si nous avions eu plus d’impact, les pouvoirs publics auraient agi sous la pression et ce drame aurait pu être évité », souligne le rédac’chef du média phocéen, Jean-Marie Leforestier. Il confie aussi une habile technique mise en place depuis : Marsactu s’intègre dans les wifi de certains cafés et commerces de la ville, pour, justement, mieux se faire connaître auprès des citoyens. Après les ventes à la criée, la promo via le wifi.
J’ai enfin profité du micro tendu pour rappeler que d’autres médias locaux, en place bien avant nous et objectivement plus robustes, conservent toute leur place et leur légitimité. Comme La Lettre M (40 ans cette année), où j’ai travaillé 18 ans, entre 2001 et 2019. Savoir d’où l’on vient pour mieux savoir où l’on va. Et ça, on ne s’en fout pas.