La première phase du projet ferroviaire de ligne nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP), devant relier Montpellier et Béziers à l’horizon 2034, sera réalisée en conception-réalisation, a indiqué Stéphane Lubrano, directeur de la mission LNMP de SNCF Réseau, le 19 mars lors d’un déjeuner-débat organisé à Béziers par le club d’affaires Béziers Narbonne Business Club, animé par Vincent Martin. C’est une évolution par rapport au contournement de Nîmes et Montpellier, livré en 2017 et confié à un consortium privé, Oc’Via. « Pour LNMP, le titulaire du marché à venir réalisera la fin des études et les travaux, mais l’infrastructure reviendra à SNCF Réseau dès la fin des travaux. Cette décision a été validée par le comité de pilotage, réunissant les 13 financeurs », a-t-il détaillé.
Concours d’architecture pour un viaduc. L’appel d’offres, d’un montant « compris entre 1,4 et 1,6 milliard d’euros », sera lancé dès 2025, « pour maintenir 2034 comme échéance. Il s’agira d’un dialogue compétitif à plusieurs tours, pour laisser la place à de l’innovation et de l’optimisation. Ce qui signifie, pour les entreprises du territoire, petites ou grandes, que des accords vont être passés » avec les majors du BTP qui répondront à la consultation. Des clauses portant l’obligation d’avoir recours à des ressources locales (entreprises et main-d’œuvre), une demande forte des collectivités dont la Région Occitanie, seront insérées.
Le coût global de cette ligne nouvelle mixte (fret et grande vitesse) composée de 52,3 km et ligne nouvelle à double voie et de 7 km de raccordements ferroviaires est fixé à 2 milliards d’euros (valeur 2020). La première phase ne comprendra pas de gare nouvelle à Béziers. Une ou deux gares nouvelles pourraient être construites dans le cadre de la réalisation de la 2e phase de la LNMP, entre Béziers et Perpignan. Cette section est prévue avec un décalage de dix ans par rapport à la 1ère phase : début des travaux en 2039 et livraison en 2044. Pour l’instant, « cinq options sont étudiées : deux gares nouvelles, une à Narbonne et une à Béziers, une gare nouvelle à Narbonne, une gare nouvelle à Béziers, une gare nouvelle entre Narbonne et Béziers, ou bien pas de gare nouvelle du tout, ce qui est moins probable », détaille l’expert.
La 2e phase est à ce jour dédiée au seul trafic voyageur. À la demande des financeurs, SNCF Réseau va organiser une concertation publique à l’automne 2025 dans le cadre d’une relance des études en vue d’une éventuelle mixité fret-passagers. « Une ligne mixte a des contraintes différentes d’une ligne voyageur, et coûte plus cher (environ 2 Md€ de plus sur la section Béziers-Perpignan », évalue Stéphane Lubrano. Mais le trafic de fret ferroviaire doit augmenter.
Enfin, SNCF Réseau va organiser un concours architectural pour la réalisation d’un viaduc de grande hauteur prévu dans le secteur du bassin de Thau, sur la phase 1 du projet. « Le but du concours est une meilleure insertion du futur viaduc dans le paysage. C’est une compensation accordée à des associations d’opposants. Nous ne nions pas l’impact d’une LGV sur les territoires traversés », concède ce diplômé en biologie animale. À des agglomérations, comme celle de Sète, s’estimant lésées car non desservies par la future ligne, Stéphane Lubrano répond : « Il y aura certes moins de TGV en gare de Sète, car ils circuleront sur la ligne nouvelle. Mais cette ligne nouvelle permettra une montée en puissance des trains régionaux sur l’axe ferroviaire existant. » Ce dont bénéficieront des agglomérations comme Sète.
Quant à sa méthode de communication, Stéphane Lubrano entend « continuer à se tourner vers les acteurs du territoire, que vous êtes (s’adressant aux entrepreneurs présents dans la salle). C’est aussi à nous, maître d’ouvrage, de nous adresser davantage au monde économique sur ce projet, en vous expliquant ce qu’il peut apporter au territoire, une fois qu’il sera mis en service, mais aussi pendant les travaux, en termes de créations d’emplois ».