Le rassembleur de l’eau
Nouveau président du pôle de compétitivité Aqua Valley (eau, en Occitanie et Paca), Olivier Sarlat nous a reçus le 13 mars au siège montpelliérain de Veolia, pour un entretien long (1h40). Projets, méthodologie, urgence à agir… Cet homme-clé de l’eau, engagé sur les thèmes de l’enfance et du handicap, se pose en rassembleur de l’eau. Au point de nommer au conseil d’administration Christophe Audouin (Suez, absorbé par Veolia en 2022) au poste stratégique de vice-président Relations institutionnelles, attractivité et rayonnement…
« Trois questions à », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.
Olivier, tu diriges 800 collaborateurs en tant que directeur régional Sud des activités eau de Veolia (ex-LR et Aveyron). Quel type de manager es-tu ?
Je suis attaché à mettre en mouvement les individus vers un même objectif. Alors que chaque individu a ses expériences propres, ses sensibilités, sa trajectoire, son ambition. Mon métier consiste à les fédérer, au-delà de ses différences. Cela passe par l’écoute, et une grande disponibilité. À Veolia, les gens savent que je suis joignable 24h/24. Je suis sur le terrain, en me rendant sur les chantiers, pour comprendre les enjeux – notamment, en ce moment, la modernisation et extension de Maera à Lattes (34). Pour Aqua Valley, la complexité managériale va être supérieure. Car, là, je vais devoir mettre en mouvement des chercheurs, responsables de laboratoires et chefs d’entreprises, qui mouillent la chemise, décrochent des marchés, gèrent des personnels. Ils connaissent l’importance de l’implication des équipes et de la conduite du changement. Je ne suis pas omnipotent. Tout le monde doit se sentir partie prenante. Mon rôle sera d’animer, de garantir une cohérence, pour qu’Aqua Valley devienne plus visible, et que les entreprises et collectivités aient davantage un ‘réflexe Aqua Valley’. Nous réfléchissons aussi à la tenue d’un gros événement, de dimension internationale, sur le modèle de la World Water Week (Suède), qui est une référence en la matière.
Quelle place doit jouer selon toi le pôle Aqua Valley sur les enjeux de l’eau ?
Tout d’abord, je rappelle le poids économique du pôle, qui emploie 12 salariés : 250 adhérents, représentant plus de 4.000 personnes et 1,5 Md€ de CA par an. 85 % des adhérents sont des TPE-PME.
Aqua Valley couvre l’Occitanie et Paca, des régions en première ligne face aux manques et aux excès d’eau – sécheresses et inondations. Nous pouvons nous retrouver au cœur des solutions liées à l’eau, et s’affirmer comme des terres d’expérimentation. Nos propositions pourront avoir force d’exemple sur ce qu’il faudra déployer en France. On est tous conscients que l’eau est un levier de développement et d’attractivité pour les territoires, dans un contexte de changement climatique. Beaucoup de solutions existent mais ne sont pas mises en œuvre. Il faut passer à l’action, par exemple sur la réutilisation des eaux usées traitées. En matière de Reute, je vois beaucoup de croyants, mais peu de pratiquants. Or, la situation dans les Pyrénées-Orientales est par exemple très préoccupante. En deux ans, il a plu moins de 200 mm par an. Ce sont les caractéristiques d’une zone aride. Techniquement, la filière de l’eau sait faire. La capitale de la Namibie, qui compte 200.000 habitants, est alimentée par des eaux usées traitées. Le savoir-faire français de l’eau existe depuis 150 ans, et se projette à l’international. Mais il faut rapidement avoir une vision stratégique sur la ressource en eau.
Qui doit porter cette vision ?
Cette question pose l’enjeu de la gouvernance de l’eau. Qui, aujourd’hui, a la compétence de la gestion de l’eau ? Les communes et les intercommunalités. Or, la problématique du manque d’eau est plus vaste qu’une EPCI. Cela doit se traiter a minima à l’échelle du département. Aqua Valley va aussi porter une vision transverse de l’eau, en tissant des liens avec d’autres pôles : Derbi, Agri Sud-Ouest, Pôle Mer Méditerranée, Eurobiomed… Il y a par exemple beaucoup de choses à développer avec l’IA dans la filière de l’eau.