Santé économique de la Lozère. En partenariat avec la Banque de France, la CCI Lozère organise le 5 mars une soirée de l’économie. L’occasion de dresser le bilan économique de 2023, devant un parterre de 85 chefs d’entreprises et décideurs du territoire, et de présenter le portrait socio-économique 2024 du département. Pour cela, la CCI a réalisé une enquête en janvier auprès de 169 établissements lozériens. « Notre CCI a une fonction d’observation du territoire économique. Quand vous avez une bonne visibilité de votre tissu économique, vous savez mieux comment l’appréhender, notamment pour réaliser des investissements », indique Thierry Julier, président de la CCI Lozère, aux Indiscrétions.
Plein emploi. Concernant la santé économique du département, le point central est l’emploi. « Quinze métiers concentrent 40 % des offres d’emplois, et ces métiers sont ceux de la restauration et du médico-social », souligne Thierry Julier. Le taux de chômage, lui, s’établit à 4,8 %, contre 8,8 % en Occitanie et 7,2 % en France métropolitaine. « Mais cet indicateur positif traduit aussi la difficulté de recruter pour nos entreprises », nuance Thierry Julier.
Freins à l’emploi. L’étude relève trois principaux freins à l’emploi : l’exclusion numérique, le transport et l’état de santé. « Nous avons environ 18.000 salariés dans nos entreprises en Lozère. C’est un chiffre assez haut comparé à la période avant covid où nous étions à 16.000 salariés. Il y a un réel dynamisme de l’emploi. »
Salaires plus faibles. Autre donnée mise en avant dans l’étude : le salaire moyen dans le privé est moins élevé que dans les autres départements de la région et s’établit à 2.218 € brut. Le recours à l’intérim est plus bas en Lozère qu’ailleurs (0,96 % des emplois salariés). « Depuis le covid, on a eu un effet de rattrapage par rapport au reste de l’Occitanie. Et ce rattrapage au niveau des salaires est possible aussi grâce au déséquilibre entre l’offre et la demande. Par ailleurs, il est compliqué de comparer les salaires entre départements car les comportements de consommation ne sont pas les mêmes dans notre département que dans de grandes agglomérations. Nous subissons, de fait, moins les effets de l’inflation », observe Thierry Julier.
Dynamisme de créations d’entreprises. Il y a eu 592 créations-reprises d’entreprises en 2021, 559 en 2022, 458 en 2023 (pour 246 radiations). Le secteur le plus dynamique reste l’hôtellerie-restauration, suivi des activités de services et du bâtiment. « Nous allons atteindre l’arrivée du 5.000e entrepreneur à la chambre de commerce. Cela paraît peu, mais comparé à la taille de notre département, c’est beaucoup. L’année 2023 est marquée par une progression du nombre d’entrepreneurs, avec un solde positif à 212. En Lozère, il y a l’envie d’entreprendre ! Nous avons plus de deux tiers de créations d’entreprises et un tiers de reprises », s’enthousiasme Thierry Julier. La part des entrepreneurs de moins de 30 ans augmente d’année en année, avec 61 nouveaux jeunes dirigeants en 2023. Quant aux femmes, elles sont au nombre de 117 nouvelles dirigeantes (+ 25 %).
Moral en berne du fait des incertitudes. La CCI a également sondé le moral des chefs d’entreprises. À la question : comment envisagez-vous l’avenir de votre entreprise ? Les retours sont partagés et nombre d’entre eux, tous secteurs confondus, redoutent une baisse de leur CA. Si le commerce est plutôt pessimiste, l’hôtellerie-restauration et les services sont plutôt optimistes. « Il y a beaucoup d’incertitudes, portées nationalement avec les conflits géopolitiques, l’inflation… et pas vraiment de visibilité. Les entreprises sont tout de même globalement en bonne santé, mais je n’occulte pas les points de fragilité bien présents. Dans le bâtiment et les travaux publics, les carnets de commandes sont chargés et pourtant on ne perçoit pas d’optimisme ».
Croissance au rendez-vous. Malgré le climat de prudence qui règne au sein de l’entrepreneuriat lozérien, la croissance est au rendez-vous (hormis pour l’industrie avec -17%) : pour le commerce (+7%), pour l’hébergement restauration (+11%), pour le transport et l’entreposage (+15%), pour la construction (+7%) et pour l’agriculture (+10%). Les chiffres d’affaires déclarés en Lozère ont continué d’augmenter en 2023 pour atteindre plus de 2,7Mds€ (soit + 6,15 % par rapport à 2022). « Les CA ont augmenté globalement tous secteurs confondus. Cette croissance est portée en partie par l’inflation mais aussi par le dynamisme de nos entreprises et notamment dans le secteur du commerce, et l’industrie manufacturière. Le CA 2023 est à un niveau jamais atteint dans l’histoire de la Lozère. Le territoire de la Lozère est assez sécurisé pour un investisseur, décrypte Thierry Julier. L’industrie en 2023 est en revanche une déception, avec -17 %. Les majors présents sur notre territoire (ArcelorMittal, Quézac Aujeu, Robbez-Masson, Lactalis) n’ont pas subi de baisse de chiffre d’affaires, donc la baisse se concentre sur les plus petites entreprises et l’industrie du bois. C’est ce qui m’inquiète. Tous les autres secteurs sont dans le vert, avec une belle performance de l’agriculture. »
Pour consulter la présentation de la soirée, c’est ici.