Filiale de la holding montpelliéraine HPC Capital (Patrice Cavalier), Cowool porte un modèle hôtelier de coliving hybride. 20 établissements, souvent créés dans des anciens hôtels ou des immeubles de bureaux vides, sont projetés d’ici à fin 2028. Rencontre avec Laurent Teisserenc, PDG de Cowool, ce 24 janvier à Avignon – il faut bien faire parfois des infidélités à l’Occitanie -, dans le premier Cowool, inauguré en mars 2022.
Projets en Occitanie : Toulouse et Ramonville-Saint-Agne. Après avoir livré, en moins de deux ans, ses premières unités à Avignon, Grenoble, Cergy-Pontoise et Villeneuve-d’Ascq, plusieurs nouveaux établissements vont ouvrir leurs portes au cours du premier trimestre, à Compiègne, Créteil et Toulouse, indique Laurent Teisserenc, PDG de Cowool. « De nouveaux hôtels Cowool sont programmés à Nanterre, Ramonville-Saint-Agne (permis de construire obtenu, livraison dans deux ans) et à Nice », détaille-t-il. L’objectif est d’exploiter une vingtaine de sites d’ici à fin 2028, y compris dans des capitales européennes comme Lisbonne ou Madrid. Chaque unité représente un investissement compris « entre 15 et 20 M€ » et une surface bâtie moyenne de 7.000 m2, pour une centaine de lits.
Reprise d’hôtels vieillissants ou d’immeubles de bureaux. Pour la plupart d’entre elles, les opérations viennent ressusciter d’anciens hôtels, comme à Avignon ou Toulouse (secteur de l’Oncopôle), ou des immeubles de bureaux peinant à trouver preneurs, comme à Créteil et Nanterre. « Les élus sont intéressés, car nous réalisons des travaux de rénovation lourde de vieux bâtiments, dont certains étaient squattés. Pour nous, travailler sur l’existant nous permet d’aller plus vite. Là où il faut un à deux ans pour reprendre un bâtiment, il en faut quatre pour une construction neuve », compare Laurent Teisserenc. Par ailleurs, en plein marasme immobilier, « des opportunités de restructurations d’actifs vont se présenter courant 2024, ajoute-t-il. On est agressifs sur le prix d’achat. Nous récupérons des actifs marqués, plutôt mal embarqués. Les collectivités jouent le jeu, et vont vite sur les procédures d’autorisations ».
Flexibilité et animations. Cowool, candidat malheureux à Montpellier (La Place Créative, The Babel Community lui ayant été préféré par Altémed) et Marseille (gare Saint-Charles), se caractérise par « des animateurs sur place, une flexibilité d’usage et un esprit de communauté, résume son créateur. Le cœur de métier, c’est la vente d’espaces équipés à des jeunes actifs, dont beaucoup d’étrangers, pour travailler ou séjourner. Avec, autour, un panel de services mis à disposition : sport, cours de cuisine, potager (géré avec l’association d’insertion Semailles), salles de séminaire et de réunion, restauration en libre-service, studio audiovisuel, espace jeux, mobilités (vélos, deux voitures en autopartage)… ». Cowool a recours à des prestataires pour faire vivre ces services : Ciel mon radis ! pour le potager, Vite en forme pour le sport, des ateliers de cuisine, des team building autour du sport etc… L’idée s’inspire de concurrents d’Europe du Nord tels que TSH ou Zoku – où Laurent Teisserenc aime parfois à séjourner pour y glaner des idées. « L’équipe n’a volontairement pas de bureaux. Elle se trouve au milieu des clients, sans barrière : personnes hébergées, entreprises hébergées dans les bureaux (17 bureaux à Avignon, allant jusqu’à 9 postes de travail ; Parmi les locataires, l’agence Sur le Pont – Christèle Collet-, qui assure la communication nationale de Cowool)… Ce schéma volontairement déstructuré correspond aux attentes de nos salariés, qui veulent de la relation aux autres. D’ailleurs, la directrice de Cowool Avignon, Anne-Audrey Béraud, manageait auparavant deux hôtels 4 étoiles à Avignon, mais avait envie de changer d’air. »
« Nous ne rentrons pas dans les cases du système bancaire français ». L’opérateur, à la fois promoteur-investisseur, foncière (via HPP Promotion) et exploitant, est à la fois financé par HPC Capital et par des banques étrangères, notamment le fonds anglo-saxon Cheyne Capital. « Pour le système bancaire français, nous sommes un objet non identifié : ni logement, ni logement étudiant, ni hôtel, ni bureaux, ni espace de coworking, mais un peut tout ça en même temps. Nos interlocuteurs bancaires français comprennent notre concept, mais il ne rentre pas dans leurs cases », détaille Laurent Teisserenc. Cowool a choisi une classification en hôtel, « parce que nous souhaitons une souplesse d’exploitation. Si nous nous classons en logement, la clientèle voudra des baux, rentrera dans des systèmes d’aides… Nous rentrerions alors dans un schéma de gestion locative, ce que nous ne voulons pas. Ce que nous proposons, c’est une prestation de services de mise à disposition d’espaces équipés. Le client arrive et part quand il veut, en réservant avant. L’équipe est présente de 8h à 20h du lundi au samedi, et un agent de sécurité est présent la nuit. Nous ne sommes pas dans l’hôtellerie classique : il n’y a pas chez Cowool de room service, nous souhaitons éviter les équipes trop importantes. »
Design. Un design moderne et coloré règne en maître dans les lieux et les chambres. Parmi les prestataires : Studio Chantal Peyrat (architecture d’intérieur, Balaruc-les-Bains – 34), Athezza pour la décoration et le mobilier (Uzès – 30), Sticker Sign (Montpellier) pour les agencements…
Attrait pour les cadres étrangers. Intérêt pour les grandes entreprises, qui font venir des cadres étrangers pour seulement quelques mois : une offre d’hébergement moderne, fonctionnel et hybride, avec possibilité d’hébergement, de travail et de loisirs. « Par exemple, à Grenoble, les cadres étrangers de Thomson (matériel électronique) étaient auparavant hébergés de façon diffuse, dans différents hôtels classiques. Ils sont désormais hébergés à Cowool, ce qui garantit une intégration beaucoup plus rapide », décrit Laurent Teisserenc. Le Cowool d’Avignon recense ainsi en ce moment 17 nationalités différentes.
JO de Paris 2024 : délégation japonaise à Cergy. La marque séduit aussi des fédérations sportives. À l’occasion des JO Paris 2024, l’établissement de Cergy va ainsi recevoir la délégation japonaise d’athlétisme. « 35 chambres sont réservées pendant neuf mois », se réjouit le dirigeant.