Transformer les infrastructures plus rapidement, pour réussir la transition écologique : c’est, en substance, le message délivré par Olivier Giorgiucci, président de la FRTP Occitanie, aux côtés des présidents territoriaux d’Occitanie Est, ce 4 octobre à Montpellier lors d’un point presse au cours duquel a été présentée en détail les résultats d’une étude sur l’état d’avancement des projets, par rapport aux objectifs nationaux (détail de l’étude en cliquant ici). « L’idée est de mesurer quelque chose de concret, et de montrer aux pouvoirs publics qu’ils doivent prendre le sujet à bras le corps. Il faut changer de braquet. Pour aller ensemble vers la trajectoire bas carbone, il faut respecter les délais, et investir massivement. Or, si la planification écologique a été présentée par le Président de la République, nous sommes en attente de sa déclinaison concrète. L’exercice en est encore à ses débuts », explique-t-il.
Ces infrastructures ‘vertes’ sont multiples : bus en site propre, pistes cyclables, bornes de recharge électrique, pôles d’échange multimodal, ressources en eaux, aires de covoiturage, éclairage public, réhabilitation de friches etc. (cf. le nuage de mots, ci-dessus).
Quelques exemples de retard pris : la part modale du vélo est de 2,7 % en Occitanie, alors qu’il faut atteindre 12 % en 2030 ; Les transports collectifs pèsent 6,8 % dans les mobilités quotidiennes, alors qu’il faut atteindre 20 % (13 % pour le transport ferré, 7 % pour le transport routier) en 2030 ; le nombre de bornes de recharge électrique se situe à 8.400, alors que l’objectif est de 50.000 en 2030 ; Idem pour les stations à hydrogène : 54 à ce jour, pour un objectif de 100 en région en 2030 ; Concernant l’éclairage public, 75 % des installations ont plus de 25 ans. « Or, la modernisation rapporte entre 50 % et 80 % d’économie, sur les émissions et donc la consommation. Des actions sont à mener sur les points lumineux. »
Taux de perte d’eau trop élevés. Le taux de perte dans les réseaux d’eau devrait baisser de 24 % à ce jour à 15 % en 2030. « Or, le taux de renouvellement annuel n’est que de 0,6 %. On n’est donc pas prêts d’arriver à l’objectif de 15 % ! J’espère que les restrictions prises cet été, notamment dans les Pyrénées-Orientales, vont amener à une prise de conscience sur la préservation de la ressource en eau », commente Olivier Giorgiucci.
Accélérer sur la Reuse. En matière de réutilisation des eaux usées traitées, « l’objectif est de 10 %. On n’y est pas du tout. Notre secteur des TP peut utiliser des eaux usées traitées, pour par exemple laver des voiries, humidifier des sols pour les compacter… Il y a certes des expérimentations, comme l’arrosage du golf du Cap-d’Agde. Mais elles restent à la marge. Les eaux usées traitées doivent être considérées comme une ressource à utiliser, au lieu de piocher dans nos réserves naturelles. »
Appels d’offres, emplois, prix : conjoncture favorable. « L’Occitanie est l’une des régions pour lesquelles le climat est plutôt positif, indique Olivier Giorgiucci (discours en cliquant ici). Quand on analyse des appels d’offres parus depuis le début de l’année, on est en augmentation par rapport à l’an dernier. Ce sont les intercommunalités et les communes qui tirent l’activité. Pour rappel, environ 70 % de notre activité dépend de la commande publique. Sur 12 mois glissants le montant des appels d’offres émis augmente de 9 % en euros courants. Si on ramenait en euros constants, on serait autour de 4 % ou 5 % : c’est en phase avec les chiffres nationaux. Mais, dans les communes, la progression n’est que de 3 %. C’est un point d’inquiétude : généralement, en période préélectorale, et nous y sommes car les élections municipales auront lieu en mars 2026, il y a une activité plus soutenue en matière d’appel d’offres. Les projets qui ne font pas l’objet d’appels d’offres maintenant ne seront pas livrés avant les prochaines élections. Concernant les coûts de production, on constate que l’inflation ralentit, et qu’on a une forme de stabilisation sur des niveaux de coûts qui sont augmentés de 20 à 30 % depuis 2 ans. Après une phase de forte augmentation des matériaux et de l’énergie, ce sont aujourd’hui les salaires qui contribuent le plus à la hausse. En matière d’emploi et de contraintes de production, nous sommes clairement en tension. 44 % des entreprises sont limitées dans leur activité par le manque de main d’œuvre. »
Acceptabilité des projets « de plus en plus difficile ». « Beaucoup de temps se passe entre la naissance d’un projet et sa mise en chantier. Parfois beaucoup trop de temps. Depuis environ trois ans, un phénomène nouveau se produit : même si un dossier va en justice, que ça aboutit à une DUP, il y a quand même des gens qui se mettent en travers. On le voit pour le Lien dans l’Hérault, pour l’A69 dans le Tarn… Ce n’est pas un bon signe. Ce qui se passe, dans l’Hérault, sur le Lien, impacte des entreprises de TP, avec des engins brûlés. Comment peut-on en arriver là ? La bagarre judiciaire a lieu avant, elle est longue, et a abouti à la réalisation du Lien. À un moment donné, il faut admettre que c’est fini ! »
> La FRTP représente 30.000 salariés, 2.000 entreprises, 18 métiers. Les besoins en recrutements sont estimés à 5.000 emplois dans les trois prochaines années.
> Les Assises régionales des TP se dérouleront le 9 novembre à partir de 17h au Palais des Congrès de La Grande-Motte (34).