Le 5 octobre a eu lieu la table ronde “Changement climatique : quels impacts sur l’eau ?” organisée par Rodez Agglomération lors de son premier festival du développement durable “Horizons Fertiles”. Sont intervenus : Christian Teyssèdez, maire de Rodez et président de Rodez Agglomération, Bruno Selas, chargé d’affaire assainissement eau potable petit cycle de l’Agence Adour-Garonne, Olivier Sarlat, directeur de l’activité Eau de Veolia en Occitanie Est, et Louis Bodin, météorologiste. Sarah Nguyen Cao Khuong a animé les échanges.
Monsieur Météo. « “Messieurs, depuis quelques années nous sommes témoins de refroidissements sensibles dans l’atmosphère, de variations subites dans les saisons, d’ouragans et d’inondations extraordinaires auxquels la France semble devenir de plus en plus sujette”, déclare le ministre secrétaire d’Etat à l’Intérieur de… 1821 ! » Voici comment le météorologiste Louis Bodin (Monsieur Météo de TF1 et RTL) introduit la table ronde “Changement climatique : quels impacts sur l’eau”, ce jeudi 5 octobre. En clair, cela fait donc des siècles “qu’il n’y a plus de saison”. Son conseil : nous méfier de notre mémoire météorologique. « Non il n’y a pas moins de Noël blanc (lorsqu’il neige à Noël, entre le 24 et le 26) qu’avant. À Montpellier, nous n’en comptons que 2 depuis 1950, et 3 seulement à Paris », précise-t-il, graphique à l’appui. Son rapport à la météo a changé au fil des années. Par exemple, un ciel bleu n’est pas toujours annonciateur de bonne nouvelle. « Lors du bulletin météo de l’été 2003, j’annonçais joyeusement la canicule à la TV, mais cela m’a rappelé cruellement que nous avions oublié de faire attention à nos aînées et personnes plus fragiles », se souvient Louis Bodin.
Des chiens pour détecter les fuites. Pour améliorer les rendements au niveau des réseaux d’eau, et perdre ainsi moins de ressource, Olivier Sarlat de Veolia (Trois questions à, à (re)lire ici), a décrit une méthode originale pour détecter les fuites, moins connue des écouteurs et autres satellites. « Des chiens de l’armée et de la police sont dressés pour sentir les odeurs du chlore présent dans l’eau, et sont déployés sur les endroits peu accessibles, comme les forêts par exemple », explique-t-il. Un moyen plus efficace et réactif.
Plan d’adaptation au changement climatique. L’Agence de l’eau Adour-Garonne, établissement public qui finance et accompagne les projets au service de la politique de l’eau (250 agents), a adopté un plan d’adaptation au changement climatique qui définit plusieurs mesures prioritaires pour améliorer la résilience des milieux (terrestres et aquatiques). « 40% de nos aides y sont consacrées pour les projets portés sur la période 2019-2024 », indique Bruno Selas, chargé d’affaire assainissement eau potable petit cycle de l’agence. Parmi elles : l’amélioration de ses infrastructures et techniques (station de traitement plus performante, limiter la captation de la ressource et améliorer le rendement de ses réseaux d’eau), la conservation des zones humides, la restauration des berges des cours d’eau, ou encore le verdissement des villes. L’Agence de l’eau Adour-Garonne couvre 1/5 du territoire français soit le grand Sud-Ouest (7.6 M habitants, 120.000 km de rivière).
Un projet de pompe-turbine déjà amortis. En 2015, la Ville de Rodez installait une pompe-turbine sur son usine hydraulique de la Boissonnade (plus à lire ici), permettant de produire 400.00 kW d’énergie renouvelable depuis maintenant 10 ans. Cette pompe permet d’absorber la pression hydraulique, et couplée à un moteur électrique, génère ainsi de l’électricité. « Nous sommes les seuls en France à l’avoir fait, pour un investissement de 170.000 euros, qui est déjà amorti aujourd’hui », rappelle Christian Teyssèdre, maire de Rodez et président de Rodez Agglomération.
Un déficit cruel d’eau. Pour conclure, Bruno Selas de l’Agence Adour-Garonne a fait un rapide état des lieux des perspectives du bassin. « On estime le déficit actuel entre besoins et ressources de 200 à 250 millions de m3 pour l’ensemble du bassin. Sans modification des usages actuels et compte tenu des impacts attendus liés au changement climatique, ce déficit devrait être porté à 1 voire 1,2 milliard de m3 en 2050. Les épisodes de sécheresses de 2019 et 2022, ont généré de nombreuses défaillances dans l’approvisionnement en eau potable. Il est donc impératif d’encourager les actions d’économies d’eau pour tous les usages (agriculture, industriel, usages domestiques) », conclut-il. L’Agence de l’eau Adour Garonne a lancé un appel à projet de 20 M€ (clôturé depuis le 30 septembre), pour accompagner des projets visant une économie d’eau dans les collectivités, les industries et l’agriculture.