Faire parler la salive des astronautes envoyés dans le cosmos par SpaceX : c’est l’objet du projet scientifique ‘Slice’ (Saliva in space, pour ‘salive dans l’espace’), porté par le CHU de Montpellier et l’Université de South Wales, et retenu par l’entreprise spatiale d’Elon Musk, suite à un appel à projets international. Sur 250 projets proposés, « seulement deux ont été retenus. Tous deux sont européens – Slice, et un sur l’impact des rayonnements cosmiques sur le microbiote, porté par le Max Planck Institute -, et portent sur la santé des astronautes en situation extrême, exposés à l’absence de gravité et aux rayonnements cosmiques », détaille le Professeur Christophe Hirtz, professeur à l’Université de Montpellier (Faculté d’odontologie), spécialisé en biochimie et protéomique clinique. Ce dernier pilote le programme aux côtés de son homologue gallois Damian Bailey, introduit auprès de l’Agence Spatiale Européenne (ESA).
À bord de SpaceX. Les tubes du protocole Slice vont embarquer, courant 2025, à bord de la prochaine mission Fram2 de SpaceX, premier vol habité commercialisé en orbite polaire. Pour scruter l’évolution de la quantité de protéines contenues dans la salive des astronautes, plusieurs prélèvements sont prévus, avant, pendant et après le vol. La plateforme hospitalo-universitaire de spectrométrie de masse à haute résolution du CHU de Montpellier, doté de deux machines de dernière génération d’une valeur totale de 3 millions d’euros, fera parler jusqu’à 3.000 protéines par échantillon.
« Des familles de protéines sont impliquées dans l’inflammation, le stress, l’immunité… Il s’agit aussi de suivre l’intégrité, en apesanteur, de la barrière hémato-encéphalique, qui protège le cerveau. Grâce à l’intelligence artificielle et au machine learning, nous pourrons analyser les données de manière globale, et observer les évolutions de la composition de la salive », résume Christophe Hirtz.
Pour l’anecdote : c’est un post efficace (« Sky il the limit pour le Pr.Christophe Hirtz, qui propulse le CHU de Montpellier dans l’espace ») sur LinkedIn d’Anne Ferrer-Villeneuve, DG du CHU de Montpellier, qui nous a aiguillés vers cette information inédite. Sans sa publication, nous serions à côté. On a pensé la recruter comme stratège en communication, mais nous ne sommes pas certains de pouvoir nous aligner côté salaire !
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Le protocole prévoit des études identiques sur un groupe d’individus restés au sol, et séjournant dans un cockpit similaire au module de SpaceX. « Nous pourrons ainsi comparer les résultats salivaires du groupe au sol à ceux des astronautes, pour évaluer précisément l’impact sur l’organisme d’un séjour dans l’espace. » L’intérêt du prélèvement salivaire, encore jamais effectué dans l’espace, réside dans son aspect non-invasif et simple, contrairement aux prises de sang.
Le fait que SpaceX ait sélectionné ce projet précis n’est pas anodin, selon le scientifique : « Les nouvelles technologies permettent de mieux comprendre les impacts sur l’organisme des séjours dans l’espace, pour mieux les prévenir. L’objectif est de préparer des séjours plus longs et plus lointains, un jour vers Mars… pour ne pas y arriver mort, ou malade ! »
Le protocole Slice pourra également trouver des débouchés terriens, dans le domaine notamment des commotions cérébrales, suite à des accidents ou des chocs lors de rencontres sportives, et des hypoxies (baisse de la concentration d’oxygène dans le sang), auxquelles sont exposés les alpinistes ou les apnéistes.