Région : Delga « assume » les baisses d’investissement ; Soutien au bâtiment et à la filière viticole

6 janvier 2025
delga Carole decembre 2022 - Les indiscretions
©Hubert Vialatte (Les Indiscrétions)

« La baisse d’investissement est assumée par rapport à mon premier mandat, marqué par des investissements lourds, sur le rail et le port de Port-la-Nouvelle notamment », déclare Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, lors de la conférence de presse précédant l’assemblée plénière de la Région Occitanie du 19 décembre. D’autant plus que les nuages budgétaires s’amoncellent, avec « une baisse des dotations de l’État, mais dans quelles mesures ? » interroge l’élue socialiste, présidente de Régions de France, estimant que « les Régions subissent les choix unilatéraux de l’État ».
« On donne l’exemple de notre côté, nous continuons à diminuer les dépenses de fonctionnement. Par exemple, il va y avoir deux nouveaux lycées, à Auterive (31) en 2025 et Cournonterral (34) en 2026, sans hausse des effectifs, ce qui va demander un effort », enchaîne-t-elle.
Des efforts doivent être faits du côté de l’État, selon l’élue : « Par exemple, j’ai découvert l’existence de l’Agence de l’innovation en Santé dans le cadre de la démarche MedVallée de la métropole de Montpellier. Pourtant, j’ai été ministre, et connais le fonctionnement de l’État. »

Plan Habitat Durable : 350 bâtiments publics réhabilités. Adopté le 19 décembre, l’acte II du Plan Habitat Durable prévoit la réhabilitation de 350 bâtiments publics d’ici 3 ans, et 30.000 logements supplémentaires construits ou rénovés d’ici 2028. « Il y a 300.000 logements vacances en Occitanie. 70 communes sont engagées dans la rénovation de leur centre-bourg et la lutte contre les logements vacants », projette Agnès Langevine, vice-présidente de la Région déléguée au Climat, Pacte Vert et Habitat Durable. « L’éloignement pèse sur le budget des ménages : isolement, coûts de déplacement. Il faut promouvoir des modèles d’habitat partagé, y compris pour les seniors, qui ne doivent pas avoir que les Ehpad pour seule issue », analyse-t-elle.

Concernant la rénovation des copropriétés dégradées, « avec l’Arec Occitanie, nous amenons une ingénierie différente, pour industrialiser les process de rénovation. Le dispositif Rénov Occitanie est recentré uniquement sur la rénovation de copropriétés ».
Le plan entend promouvoir le bois des forêts d’Occitanie pour les travaux de construction et de rénovation : bois local, matériaux biosourcés, isolation par l’extérieur, réemploi des matériaux de construction…
Il s’agit aussi de travailler l’image des métiers du bâtiment, « qui ont parfois une image négative, alors qu’ils concourent à la transformation écologique ». La garantie d’emprunt de foncières solidaires « déconnecte le prix du logement du prix du foncier, et permet de juguler la spéculation foncière. Le premier projet de ce type se situe à Cazes-Mondenard (82), avec un emprunt de 500 k€ garanti ».
Autres axes de ce plan : encourager la remise de biens privés sur le marché de la location, en se portant garant auprès des propriétaires ;

« Des chiffres alarmants ». Sous le joug de garanties bancaires de plus en plus fortes demandées, de renchérissement du coût de la construction et de dispositifs restreints ou non renouvelés (PTZ et Pinel), « les chiffres 2024 de la construction sont alarmants. Avec seulement 250.000 logements mis en chantier, on revient à des chiffres des années 60, alerte Carole Delga. Cela veut dire que des gens restent dans des habitats insalubres, voire dans la rue. Il y a aussi une conséquence sociale, sur le plan de l’emploi, avec des projections de 100.000 destructions d’emploi en 2025 dans le bâtiment »

Filière viticole : l’innovation pour rebondir. Confrontée à la déconsommation et au réchauffement climatique, la filière viticole (qui pèse 126.000 emplois, pour 3,9 Md€ de CA) doit placer l’innovation au cœur de sa stratégie. C’est l’objet du contrat de filière, dotée de 5 M€ d’ici à 2026. Exemple avec l’enjeu de l’eau : stockage et réutilisation des eaux usées et pluviales, optimisation de l’irrigation (sécurisation du rendement, segmentation de l’offre…), recharge hivernale des sols… Des nouvelles variétés sont identifiées avec des micro-vinifications dès 2025. La filière doit aussi se décarboner : réemploi des bouteilles en verre, stockage carbone à favoriser, réduction des émissions…
Trois projets pilotes sont accompagnées : Vignoble du Lot 2040 (piloté par l’Union Interprofessionnelle des Vins de Cahors) ; Ambition Armagnac 2030 (Bureau national interprofessionnel de l’Armagnac) ; Résilience de l’Est Viticole Audois (avec la Chambre d’Agriculture de l’Aude).

Dans un univers viticole morcelé, un consortium est en cours de construction, sous l’égide de la Chambre régionale d’agriculture, cheffe de fil. « L’idée est de contractualiser, entre coopératives, pour optimiser les débouchés de marché. Ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, un metteur en marché avait trouvé un débouché en Europe du Nord, avec un bon prix. Mais un autre opérateur a bradé le produit, en trouvant des stocks dans une cave », détaille Jean-Louis Cazaubon, vice-président de la Région Occitanie délégué à la Souveraineté alimentaire, Viticulture et Montagne. 

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