Professeur émérite à l’Université Gustave-Eiffel, spécialiste des politiques de mobilité, Jean-Pierre Orfeuil dénonce la dérive des dépenses publiques liées aux sociétés de projet, en s’attaquant au Grand Paris Express, mais en n’épargnant pas GPSO (Grand Projet Sud-Ouest, ligne Bordeaux-Toulouse). À propos, notamment des frais financiers, qui peuvent impacter la soutenabilité de la dette. « La société de projet, nouvel outil de financement d’infrastructure (loi LOM, 2019), créé pour financer le Grand Paris Express (GPE), est aujourd’hui utilisé pour financer des lignes à grande vitesse nouvelles, dont GPSO (Bordeaux-Toulouse et Bordeaux Dax), deux projets dont l’intérêt socio-économique est discutable (pour 3 lignes sur 4 du GPE) ou faible (GPSO). Malgré cela, des taxes nouvelles ont été votées pour des durées non fixées à l’avance, et servent à gager des emprunts à très long terme (des durées très supérieures à celles de la réalisation du projet). Outre qu’il contribue à l’augmentation de la dette publique, il fait reposer tous les risques (notamment les habituelles dérives budgétaires) sur les collectivités partenaires de la société (et donc expose leurs contribuables à un ‘open bar fiscal’) et augmente considérablement la part des frais financiers dans le coût total des projets. Les 15 ans de recul dont nous bénéficions avec le Grand Paris Express permettent d’alerter sur les problèmes que pourra rencontrer GPSO », pointe-t-il.
« Sur GPSO, les missions seront éclatées entre la fonction bancaire, qui échoit à l’Etablissement public local SGPSO, et la conduite des travaux (SNCF Réseau). Bon courage aux collectivités locales qui supporteront les risques ! », décrypte notre confrère spécialisé Gilles Dansart (Mobilettre), ce 16 décembre.