« Depuis que je suis à la tête de la FFB Occitanie, c’est la première fois que je fais une conférence de presse. Nous réunissons les présidents FFB de chaque département aujourd’hui car la situation est très grave », lance Frédéric Carré, président de la FFB Occitanie, ce 12 décembre. Une opération lobbying massive du syndicat professionnel, la veille de la nomination du nouveau Premier Ministre François Bayrou. Les Indiscrétions ont suivi cette conférence de presse.
Crise du logement neuf. « Ces 10 dernières années, 40.000 logements neufs ont été construits chaque année. En 2023, nous sommes descendus à 31.000, puis à 27.000 en 2024 et nous serons autour de 25.000 en 2025. Il nous faudrait construire 47.000 logements chaque année, on en fera à peine la moitié en 2025. Nous sommes très en retard, la situation est la même à l’échelle nationale. C’est dramatique pour tout le monde : pour l’économie, pour l’emploi, pour nos concitoyens qui n’arrivent pas à se loger », grince-t-il. Selon lui, trois conditions sont nécessaires pour sortir de cette crise : une stabilité politique, une simplification des règles, et un plus gros budget. « Aucune des trois conditions n’est remplie actuellement », regrette-t-il.
… Et crise du logement social. D’après HSO (Habitat Social en Occitanie, 67 organismes, représentant 326.000 logements sociaux), le seuil des 200.000 demandeurs d’un logement social vient d’être dépassé pour la première fois en Occitanie, au second semestre. « L’augmentation de la demande se poursuit. La progression était de 5 % par an dans la décennie 2010, elle s’élève autour de 10 % ces deux dernières années », alerte Jean-Michel Fabre, président de HSO. La pression la plus forte (rapport entre les demandeurs et les entrées dans les lieux) s’exerce dans l’Hérault, les Pyrénées-Orientales, le Tarn-et-Garonne, l’Aude, l’Ariège et le Gard. « Le logement ne peut continuer à être un impensé dans les politiques publiques », insiste-t-il.
Rénovation énergétique. « Nous pouvions penser que la rénovation énergétique allait compenser la baisse du neuf, mais pas du tout. En un an, les règles du jeu ont été chamboulées deux fois, avec la dissolution de l’Assemblée nationale puis la motion de censure. On a un budget de 2,7 Md€ qu’on ne peut pas dépenser. Si on veut rénover selon la trajectoire voulue par l’État, il nous faudrait 15 Md € », détaille Frédéric Carré.
Défaillances d’entreprises. « Nous y sommes. Nous recensons 958 défaillances d’entreprises sur les trois premiers trimestres 2024 en Occitanie, soit autant que sur l’année 2019 entière, l’année de référence d’avant-Covid. Fin 2024, on sera à 1.300 défaillances d’entreprises, donc 30 % de plus qu’en 2019. Sur les 18 derniers mois, 3.800 emplois ont été perdus dans le bâtiment en Occitanie. Si rien n’est fait en 2025, 10.000 de plus seront détruits. On ne peut plus attendre. Le bâtiment pèse 150.000 actifs dans la région, cela signifierait une perte de 10 % des emplois du secteur en deux ans », lance-t-il.
PTZ, Pinel et exonérations. « Il faut quatre mesures immédiates : dynamiser l’accession à la propriété, en relançant le PTZ (prêt à taux zéro) ; la reconduction du dispositif Pinel ; la mise en place de mesures favorisant l’acquisition de résidence principale dans le neuf avec une dotation exonérée jusqu’à 100.000 € ; une baisse de la RLS (réduction du loyer de solidarité). Il faut arrêter de prendre des mesures et de tout changer quelques mois plus tard. Nous demandons un plan pluriannuel, avec une stabilité sur 5 ans », développe Frédéric Carré.
Instabilité politique. « Certains des présidents, ici, voulaient renverser les tables et aller manifester devant les préfectures. Nous avons choisi d’adopter d’autres manières de lobbying et d’être responsables. À quoi cela servirait d’aller manifester devant les préfectures alors que nous n’avons même pas de gouvernement ? Les derniers ministres du Logement ne restent pas en poste plus de trois mois. Dans ce contexte, comment pouvons-nous obtenir gain de cause ? ».
Port-la-Nouvelle : comment loger les futurs emplois ? « L’exemple du port de Port-la-Nouvelle (Aude) est frappant. C’est un port historique de la région qui va générer 3.000 emplois (à confirmer et à suivre, note de la rédaction) dans les prochaines années. Nous n’avons aucun moyen de loger ces gens qui vont arriver », déplore Xavier Lévy, président de la FFB 11.
L’Hérault en souffrance. « L’Hérault compte chaque année plus de 12.000 habitants supplémentaires, dont au moins 4.000 sur la métropole de Montpellier. Les besoins sont énormes et on prend du retard sans arrêt. La FFB compte 850 entreprises dans le département, soit 12.000 salariés. Sur l’année 2024, 2.000 de ces emplois auront été détruits », alerte Gilbert Comos, président de la FFB 34.
« Le bâtiment voit rouge » : le dossier de presse de la FFB Occitanie est accessible sur demande à amelie@agencehv.com et hvialatte@gmail.com