Je vais vous choquer (ou pas) : j’ai toujours considéré que mes deux enfants ne seraient jamais totalement français, symboliquement s’entend, s’ils n’avaient pas assisté au moins une fois à une étape du Tour de France cycliste. Pas à la télé, non ! Mais au bord de la route, en se postant pendant 3 heures en plein soleil, avant le passage des coureurs. Car le spectacle réside surtout dans l’attente, l’ambiance, la communion populaire, les gendarmes soudain applaudis dans la parenthèse festive de juillet, la caravane publicitaire délicieusement kitsch, les rotors des hélicoptères de France Télévisions qui s’approchent, les vivats fervents et éphémères au passage des champions.
Pour l’aîné, je n’ai pas eu de difficulté. Il faut dire qu’il a toujours voué un culte pour les forçats de la route, en suivant les champions de sa génération, les Julian Alaphilippe et autres Thibault Pinot. On les a par exemple « vus » (exagération marseillaise, vu la foule massée sur les pentes) en 2023 gravir ce bon Puy-de-Dôme, enfin de retour dans la Grande boucle.
Pour la pitchoune, c’est une autre paire de manches. Elle rechigne, retarde, fait diversion, roumègue. À 12 ans passés, il est plus difficile de convaincre. Estimant que l’heure était grave, et anticipant déjà l’été 2025, je lui ai proposé un marché, autour des pâtes à l’huile d’olive, ce dimanche soir. « Tu viens voir le Tour, qui revient à Montpellier cette année, et tu as un cadeau en échange. » Avant d’ajouter, en regardant le tracé : « Ma proposition est assortie d’une autre option : tu viens à l’étape mythique du 14 juillet, cette année au Mont-Dore dans notre Auvergne, et tu as un cadeau encore plus conséquent, car il faut inclure le trajet, l’hébergement sur place, etc. » Elle répond, des étoiles dans les yeux : « D’accord ! J’ai une autre proposition à te faire : si on va voir les étapes de Montpellier et du Mont-Dore, j’aurai les deux cadeaux ! » Et de se projeter dans des marques d’appareils qui lissent les cheveux à grande vitesse. Dont, je crois, Steampod, sans vouloir faire de publicité gratuite. Vivement juillet.
On s’en fout
18 novembre 2024