« L’emploi est de plus en plus précarisé »
Salarié des laboratoires Pierre Fabre à Castres (81), le secrétaire régional de la CGT Occitanie Lionel Pastre organise la 3e conférence régionale de la CGT Occitanie, les 16 et 17 octobre, à la salle événementielle de Pratgraussals, à Albi. Il attend 200 « camarades ». On lit beaucoup les employeurs et le Medef dans cette newsletter, et moins souvent les syndicats de salariés. « Trois questions à », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.
Le budget de l’État 2025 est sous tension. Les coupes annoncées ne risquent-elles pas de freiner les investissements des entreprises et l’emploi ?
La politique de Barnier est dans la continuité des précédentes : toujours plus d’austérité. L’emploi est de plus en plus précarisé. Les salaires restent trop faibles par rapport au coût de la vie, et les mesures de baisse budgétaire n’incitent pas à embaucher. Les fins de mois arrivent de plus en plus tôt, le pouvoir d’achat n’augmente pas. Je ne parle même pas des jeunes et des retraités. Mais visiblement, on préfère mettre de l’argent dans les bombes (sic)…
L’Occitanie est touchée par plusieurs plans sociaux. Est-ce que certains te préoccupent particulièrement ? Et quel œil portes-tu sur la situation des entreprises en Occitanie en cette rentrée ?
Les plans sociaux comme chez Thalès (à relire dans Les Indiscrétions du 23 septembre ici) sont inquiétants. On parle de 750 postes supprimés. Thalès parle de « réorganisation », mais il ne faut pas se leurrer. L’entreprise Safra nous inquiète aussi. Ils sont spécialisés dans les bus à hydrogène et connaissent de grosses difficultés. Sur leurs 250 postes, une cinquantaine serait menacée, dans la branche menuiserie de l’entreprise (ndlr : Safra escompte l’obtention d’un prêt de 30 M€ par la Banque européenne d’investissement, indique une délibération de l’agglomération d’Albi, en avril dernier. « Safra est considérée comme une entreprise en difficulté au sens de la réglementation européenne », à lire en cliquant ici). Sans compter toutes les TPE qui passent sous les radars des médias, mais qui ferment, parce qu’elles se retrouvent avec de plus en plus de papiers à remplir, et les entreprises n’ont plus le temps ni l’argent. En cette rentrée, c’est toujours plus compliqué. La Région Occitanie aide pas mal les jeunes, et heureusement. Dans les Pyrénées-Orientales, le taux de chômage est l’un des plus élevés de France métropolitaine, le Gard et l’Ariège ne vont guère mieux… Les deux métropoles aspirent tout. Les départements ruraux sont les plus touchés. Il n’y a plus le moindre service public en Lozère, et, par voie de conséquence, les entreprises rechignent à s’y installer. Enfin, le tourisme a souffert cet été. Les touristes sont venus mais ont peu consommé. Les acteurs du tourisme d’hiver sont déjà inquiets.
Où en est la problématique du logement pour les salariés et saisonniers ?
Un saisonnier dans un camping, ce n’est jamais un problème pour le loger. On trouve de la place. Par contre, pour les restaurants, c’est plus compliqué. Soit on propose aux saisonniers des logements précaires, soit pas du tout. Certains affirment que les jeunes ne veulent plus travailler, mais on leur propose souvent un salaire en décalage avec les conditions de travail. Et ils doivent parcourir des kilomètres et souvent se loger seuls (même si des initiatives essaiment, lire dans Les Échos, « Saisonniers : sur le littoral occitan, ActionLogement ouvre à sa boîte à outils », mai 2023, à lire en cliquant ici).
Avec la CGT, nous aimerions développer le dialogue avec les mairies. Il y aurait des conventions à passer, pour avoir une politique d’aide et d’entraide intergénérationnelle. Aujourd’hui, ce n’est pas normal de demander à un restaurant de loger à ses frais l’employé dont il a besoin.