« Il faut croire aux ICC dans la région »
Enfant du cœur d’Hérault, originaire de Montpeyroux (34), Jean-Baptiste Durand est le réalisateur de « Chien de la Casse » (2023), film primé au César cette année (meilleur premier film). Tourné dans l’Hérault, au Pouget et à Sète, le film fait découvrir le Cœur d’Hérault au cénacle parisien. Et vient démontrer que les ICC (industries culturelles et créatives) concernant tous les territoires, et pas uniquement les métropoles.
Jean-Baptiste Durand a clôturé notre soirée Réseaux Agencehv, ce jeudi 13 juin du Domaine de Granoupiac à Saint-André-de-Sangonis*. « Trois questions à », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.
Quel est ton lien avec le Cœur d’Hérault, que tu filmes d’ailleurs très bien dans Chien de la Casse ?
J’ai grandi dans la région (né à Montpeyroux, note), et c’est intuitivement que j’ai construit mon travail en l’ancrant au territoire. Ce n’était pas un choix politique ou intellectuel, mais une nécessité absolue d’en parler. C’est aussi ce qui a plu dans ‘Chien de la Casse’ : c’est enfin un film qui parle d’un territoire rural, avec réalisme et sans caricature.
J’ai ensuite fait mes études aux Beaux-arts de Montpellier, et je ne me suis jamais éloigné de l’Hérault. Je savais qu’il ne fallait pas aller ailleurs pour réussir.
C’est une valeur ajoutée maintenant, car je connais très bien mon territoire, et j’ai bâti mon entourage professionnel ici avec les locaux, qui sont très compétents. En parallèle, nous avons la chance de voir l’Occitanie devenir une région de tournages, avec un dynamisme fort. Je ne perds pas une occasion de dire que j’habite à Montpellier !
On parle beaucoup des ICC, les Industries Culturelles et Créative, dans les métropoles. Avec votre film, Chien de la Casse, tu viens prouver que ces ICC sont présentes partout, y compris hors des métropoles…
Il faut croire aux ICC dans la région. Paris aspire tout le monde, nous ne sommes donc pas 10.000 réalisateurs en région, nous sommes plus visibles et avons plus de places pour nous exprimer. Et toutes les compétences sont là. Il y a même un écosystème assez fin : toutes les compétences pour un tournage sont présentes en région sans surnombre. Sur le tournage de Chien de la casse, 95 % des personnes sur le plateau étaient originaires de la région.
Et il faut savoir que certains se sentent déracinés quand ils montent à Paris. Beaucoup finissent par revenir en région, à l’image d’Abdelkader Benchamma, artiste originaire du Tarn, revenu habiter ici. L’Occitanie ne doit pas rougir de ses talents. La clé est de s’affirmer : tout n’est pas à Paris. Il y a d’ailleurs de plus en plus de personnes qui habitent en dehors de Paris et qui l’assument, comme aux Césars, où deux nommés sur cinq, pour la catégorie Meilleur Premier film, n’étaient pas parisiens (Stéphan Castang est un réalisateur dijonnais, note). Nous avons Internet, le TGV… Ce n’est plus nécessaire de partir, nous pouvons bâtir notre monde professionnel à côté de notre lieu d’habitation. J’ai aussi la chance d’avoir une productrice, basée à Paris, qui me fait entièrement confiance, je n’ai donc jamais ressenti le besoin de bouger.
Un mot sur ton prochain long-métrage, tourné également dans l’Hérault ?
“L’homme qui avait peur des femmes” sera une comédie romantique portée du point de vue d’un homme et de sa vulnérabilité. Je mettrai également en lumière le foot amateur… Je n’en suis qu’au stade de l’écriture, mais il sera tourné dans l’Hérault, du côté des terres rouges.
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