Encore un rapport dont on ne sait pas bien à quoi il va servir. L’ancien sarkozyste Éric Woerth, ayant succombé aux sirènes macroniennes (ça rime) en 2022, remet le 30 mai à son nouveau boss un rapport « pour rétablir la confiance entre l’État et les élus locaux ». 51 propositions, rien que ça. Les essentielles : nationalisation du périphérique parisien (pour le coup, on s’en fout vraiment), fusion en une seule catégorie des intercommunalités, placement des Safer sous tutelle des départements, retour au cumul des mandats (les fameux omnipotents « députés-maires »)…
Ce rapport « fait remonter les mêmes recommandations que celles portées par Régions de France depuis de nombreux mois. Passons enfin aux actes : plus d’autonomie et de pouvoir d’agir pour les Régions », réagit sur X Carole Delga, présidente PS de la Région Occitanie et de Régions de France. La Région Île-de-France fait quant à elle part d’une « immense déception. En ne proposant d’attribuer aucune compétence nouvelle aux Régions en dehors de quelques propositions anecdotiques sur le développement économique, le rapport Woerth constitue une occasion manquée. » Sur l’élection régionale par 196 élections locales de conseillers territoriaux : « Cette proposition revient à tuer la Région en tant que collectivité territoriale, la transformant en une simple agrégation de cantons sans aucun pilotage politique et ôtant toute possibilité aux citoyens de s’exprimer sur un projet et une vision politique d’ensemble ». « Une telle réforme introduirait une nouvelle confusion entre les compétences régionales et départementales, renchérit Régions de France. Les Départements et les Régions sont désormais des collectivités spécialisées : à ce titre, leurs compétences sont désormais très différentes, pour répondre aux enjeux de chacune des échelles de territoire. La création du conseiller territorial constituerait une régression. »
Sept ans après l’arrivée au pouvoir de Macron, se dégage l’impression d’une grande incapacité à agir sur le fond et pour de bon, sur un sujet pourtant pas nouveau. Pourquoi diable 51 propositions façon pastis, alors qu’il en faudrait 2 ou 3 maximum ? De la clarté avant toute chose. Quelles compétences l’État, surendetté et dont la note a encore été dégradée par Standard&Poor’s , est-il prêt à lâcher une bonne fois pour toutes pour se donner un peu d’oxygène ? Qui fait quoi, une bonne fois pour toutes également, entre les intercommunalités, les Départements, les Régions, les myriades de syndicats mixtes ? Les enjeux stratégiques ne manquent pas : eau, développement économique, enseignement supérieur, formation, mobilités, accélération des procédures…
Au bout du compte, un rapport de plus – en 25 ans de journalisme, combien en ai-je vu défiler sur ce thème de la décentralisation ? -, comme pour donner le change. On se donne rendez-vous dans deux ans pour vérifier ce qu’il en sera ressorti. Cela risque bien d’être dans la même rubrique « On s’en fout ».
On s’en fout
3 juin 2024