« Redonner le pouvoir aux internautes »
Parents journalistes dans le Limousin à La Montagne, musicologue de formation, originaire de la Cruse : Romain Bessuges-Meusy ne coche pas les cases du créateur d’entreprise tech dans le Sud. Sa start-up, Axeptio*, a développé une plateforme de recueil de consentement sur internet. Avec un objectif ultime autant politique que business : débarrasser les internautes des bandeaux cookies. « Trois questions à », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.
* Cofondateurs : Delphine Dorseuil et Christophe Landat, respectivement directeurs financier et juridique.
Romain, quels sont tes nouveaux projets avec Axeptio, plateforme gestion du consentement sur internet ?
Alléger les internautes des bandeaux cookies, grâce à une nouvelle solution, actuellement en cours de finalisation. Aujourd’hui, l’internaute est constamment harcelé dans sa navigation sur le web. Il y a un fardeau du consentement. On demande aux gens de faire des choix, en toute méconnaissance de cause. L’entreprise est en train de développer une plateforme sur laquelle les internautes pourront renseigner leurs préférences (centres d’intérêt, valeurs, projets de vacances…) une bonne fois pour toutes, en appliquant les choix correspondant à leurs critères. Seules les entreprises répondant aux choix indiqués auront accès aux données de la personne, alors qu’actuellement, elles les tracent de façon préemptive. Nous voulons décupler les capacités d’intervention des internautes, pour qu’ils retrouvent le plein exercice de leur vie privée en ligne ! Pour l’internaute, l’avantage sera double, à la fois en termes d’éthique et de gain de temps. La sortie est prévue début 2024. Dans ce combat contre les bandeaux cookies, nous sommes engagés dans une course de vitesse avec notre principal concurrent, Eyeo, éditeur du logiciel Adblock.
Ton objectif est donc presque politique, en plus du business ?
En effet. La projection sera immédiatement internationale, notamment auprès d’acteurs des médias et du divertissement. Par ailleurs, je considère que les sites internet doivent pouvoir reprendre le contrôle sur les annonceurs. Google ne peut pas être le seul canal d’accès à l’inventaire publicitaire.
Où en es-tu, côté chiffres et levée de fonds ?
Axeptio a, en 2021 et 2022, levé 5,2 millions d’euros, d’abord auprès d’isai, Evolem, Ovni Capital et Kima Ventures, fonds d’amorçage de Xavier, puis auprès de Bpifrance et d’un pool bancaire. Axeptio a ouvert en 2022 un bureau à Paris, emploie 40 salariés et va réaliser en 2023 un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros. La solution s’est distinguée des autres car elle est la seule à avoir fait le choix d’être visible sur Internet. Ce modèle de viralité crée de la confiance. La plateforme actuelle d’Axeptio est installée sur 50.000 sites, dont PMU, Orchestra, Prestashop, l’Opéra de Paris ou Jardiland. Beaucoup de clients sont gagnés de façon inédite, par la notoriété B&B. Beaucoup de clients viennent chez nous car ils nous ont testés, à titre individuel, en tant qu’internaute, dans leur vie quotidienne. La directrice marketing de l’Opéra de Paris nous a choisis en nous découvrant sur le site web où elle achetait son thé !