« Que mon exemple donne envie à d’autres femmes de rejoindre l’industrie ! »
Petra Brotnei dirige Rectif 46 (Gagnac-sur-Cère, Lot, CA 2023 : 730 k€), spécialisée dans les prestations de finitions de très haute précision sur des pièces pour l’aéronautique ou l’aérospatial, depuis près d’un an. À la tête d’une entreprise de mécanique industrielle, Petra Brotnei partage, en tant que grand témoin, son expérience à l’occasion de la première édition des Rencontres Inspirantes, organisées le 6 novembre par Réseau Initiative Occitanie en visio-conférence. « Trois questions à », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.
Tu as repris l’entreprise Rectif46, il y a un an. Pour quelles raisons ?
Avant Rectif 46, j’étais technico-commerciale pour Mouneyrac, une entreprise de mécanique industrielle à La Feuillade (24). J’ai repris l’entreprise il y a une petite année avec l’aide de plusieurs acteurs. Voilà dix ans que je baigne dans l’industrie, et avec Rectif 46, je reprends une entreprise de mécanique, il y a une cohérence. Je ne me vois pas faire un autre métier. Nous comptons une dizaine de collaborateurs, dans une entreprise qui jouit d’un savoir-faire de 30 ans. L’ancien gérant, Julien Brugalières, cherchait à céder son entreprise. Il est venu vers moi car il voulait quelqu’un qui puisse maintenir l’emploi en local. J’ai toujours eu cette volonté d’entreprendre, et cette petite voix dans ma tête qui me dit de travailler pour moi-même, d’être mon propre patron. Je pense que c’était la bonne opportunité, au bon moment. Les prévisions annonçaient 745 k€ de chiffre d’affaires en 2024, mais nous allons certainement dépasser le million pour ma première année.
Comment s’est déroulée la passation ?
Il y a eu un accompagnement de trois mois et j’ai également bénéficié de l’aide de Réseau Initiative Occitanie. J’ai passé ce temps aux côtés de l’ancien gérant pour apprendre à connaître l’entreprises et les process à suivre. Depuis que je suis devenue gérante, j’ai recruté deux personnes, portant les effectifs à 10. Entre novembre 2023, j’ai obtenu un prêt à taux zéro (montant non communiqué, note) sans lequel je n’aurais peut-être pas pu reprendre l’affaire. Le regard d’autres chefs d’entreprises est précieux pendant ce laps de temps.
As-tu senti un défi supplémentaire en tant que femme ?
En tant que femme entrepreneure, nous avons tendance à nous poser beaucoup de questions. Nous devons toujours prouver davantage qu’un homme, surtout dans le milieu de l’industrie, majoritairement masculin. Ce sont des idées préconçues puisqu’en arrivant aux commandes de Rectif 46, j’ai découvert un milieu accueillant. J’espère que mon exemple donnera envie à d’autres femmes de rejoindre ce secteur ! J’ai repris un portefeuille client bien fourni, en le complétant avec des clients pour qui je travaillais auparavant. Le risque est moins important en reprenant une entreprise qu’en lançant sa propre activité. L’entreprise compte déjà des clients, ce qui nous sécurise financièrement.
Pour les mois à venir, l’agenda est complet et nous prévoyons d’investir dans une nouvelle machine à rectifier. Le projet qui me tient peut-être le plus à cœur pour le deuxième semestre 2025, c’est l’ouverture du centre de formation de rectification dans nos locaux pour recréer les compétences perdues au fur et à mesure des années.