Michaël Delafosse, maire et président de Montpellier Méditerranée Métropole

17 mars 2025
Michael Delafosse 002 - Les indiscretions

« Il faut qu’on soit guerriers sur les sujets de mobilité »

Prime aux maires bâtisseurs, stratégie d’attractivité, urgence des infrastructures sur le territoire… Michaël Delafosse, maire-président de la métropole de Montpellier, a échangé longuement avec la presse, lors du Mipim à Cannes, le 12 mars. Un Mipim 2025 marquée par l’absence de nombreuses métropoles – dont Toulouse -, et au cours de laquelle l’élu PS a vendu son territoire, enchaînant les interventions sur le stand de Montpellier ou dans l’une des salles de conférence du Palais des Festivals : santé, industries culturelles et créatives, émergence du quartier d’affaires Cambacérès (gare TGV Sud de France).

Comment réagissez-vous au rétablissement de la prime aux « maires bâtisseurs », portée à 100 M€ dans le budget 2025 de l’État ?
Cette ligne de crédit de 100 M€ pour les maires bâtisseurs est très appréciable dans le contexte budgétaire, qui est contraint. En 2020, pendant le Covid, au sein de France Urbaine, c’est François Rebsamen, maire et président de la métropole de Dijon, qu’au demeurant que je connais très bien, qui avait défendu cette idée. Parce que quand vous construisez un logement, vous n’êtes pas payé. Vous avez des frais sur l’école, la crèche, les services publics afférents. Et d’une certaine manière, il y a une sorte de prime à l’égoïsme de la part des maires. Et François Rebsamen avait proposé cette mesure et Jean Castex l’avait mise en place pendant deux ans. Par exemple, la ville de Montpellier avait reçu deux fois 1 M€, en 2021 et 2022, parce qu’on délivre des permis de construire. Ça aide les finances des communes qui font le choix du logement, comme la métropole de Montpellier le fait. Cette prime avait été supprimée. Macron, le logement, ce n’est pas son sujet.

> Lors d’un échange avec Michaël Delafosse, le 12 mars sur le stand de Montpellier, la ministre du Logement, Valérie Létard déclare, à propos de cette prime : « On va faire en sorte que les préfets aient un peu de souplesse d’utilisation pour pouvoir s’adapter aux réalités de chaque territoire. Mais en tout cas, les 100 M€ seront là. Et il faut aller les chercher. C’est un des signaux du budget et je le dis parce que c’est très positif. On va attaquer des propositions de loi, normalement en mai à l’Assemblée nationale, et du réglementaire aussi. On va essayer de sortir un décret. Tout ce que l’on peut réduire en délais, en recours, en simplification, sur les permis de construire, tout ce qu’on peut essayer de rationaliser un peu, vous verrez qu’on a essayé d’y toucher. » 

L’enquête publique du PLUI-Climat de Montpellier Méditerranée Métropole s’est clôturée fin février. Qu’en ressort-il, selon vous, dans les grandes lignes ?

10 % de la population métropolitaine s’est exprimée, ou qui a téléchargé des documents.

Donc, c’est une véritable appropriation, un mouvement démocratique. Il y a eu des critiques (sur le fond, et aussi sur la forme, à propos de la lisibilité des documents, ndlr), comme il y a eu aussi beaucoup d’expressions très positives sur le fait que c’était un mouvement ambitieux, un mouvement protecteur, résilient. Ce document donne les grands objectifs, notamment deux tiers d’espace naturel ou agricole, et la priorité au réinvestissement urbain. Notre métropole participe à la stratégie du ZAN.
Il y a des gens qui contribuent de manière anonyme. Je pense qu’il faut que ça s’arrête, car ces contributions, c’est du type « Les Arabes dehors », « pas de pauvres chez moi ». Il y a des choses assez insupportables que l’on doit traiter.
Je veux saluer plusieurs points. Il y a eu des contributions de corps constitués, des promoteurs. Il y a eu aussi les opérateurs du logement solidaire qui ont fait une contribution, et je les en remercie.

J’en apprends plus

Il y a eu des contributions d’élus du conseil de métropole, des organisations étudiantes, qui ont exprimé des positions autour des enjeux du logement… et même de l’État (un brin agacé, ndlr). Pourtant, le préfet de l’Hérault avait tweeté en disant « bravo la métropole pour son PLUI ». Le préfet est très conscient qu’il faut que ce document arrive pour justement produire du logement.

À présent, ce qui se profile, c’est un travail, et technique, administratif et politique, avec l’ensemble des collègues maires de la métropole, pour voir ce qui est possible, ce qu’on veut, quelle réponse, quel argument, quelle adaptation. Une réponse est prévue mi-avril. Puis, la commission d’enquête rendra son avis, nous espérons à la mi-mai. C’est Stéphane Champay, vice-président et maire du Crès (présent à ses côtés, ndlr), qui porte ce travail à métropole. Le but, c’est de mettre le PLUI-Climat au vote, le lors d’un conseil métropolitain, le 16 juillet. Ce document représente 10 ans de travail, et sera là pour 20 ans. Le 16 juillet, sera aussi votée la question des déchets, avec la transformation d’Ametyst et la création d’une chaudière de combustion solide de récupération (CSR, incinérateur, ndlr).
Je pense qu’il ne faut plus de recours possibles après l’adoption. C’est ce qu’a dit la ministre Valérie Létard, et je la salue sur ce point. Parce que, derrière, je ne suis pas là pour enrichir les avocats (sic). Un PLUI ne peut pas être une machine permanente à contentieux. Il faut de la stabilité pour les acteurs économiques, pour les habitants. À Toulouse, Jean-Luc Moudenc ne cache pas avoir souffert des recours contre le PLUI, et du retard pris.

Vous répétez souvent que « La France des procédures tue la France des projets ». Que vous inspire l’arrêt du chantier de l’A69 (Toulouse-Castres) ?
 Est-ce que vous craignez que cela ait des répercussions sur les projets d’infrastructure côté Occitanie Est, notamment le contournement ouest de Montpellier ou la LGV Montpellier-Perpignan ?

On est dans une situation ubuesque. Je respecte les positions des uns et des autres sur ce dossier, mais en plein milieu des travaux, avoir un arrêt de chantier qui impacte 1.000 personnes, ça ce n’est pas possible. On ne peut pas fonctionner comme ça. Une fois qu’un projet a été validé par une enquête publique, qu’il a été porté par les élus, on ne discute plus, et on avance. Sinon, comment fait-on ?
Le contournement ouest de Montpellier (concédé par l’État à Vinci Autoroutes, ndlr) doit se faire. Je veux sortir le trafic de transit de Montpellier. Pour les habitants de Montpellier, de Juvignac et de Saint-Jean-de-Védas, c’est indispensable. En plus, c’est l’élargissement d’une voirie existante. Ça n’a rien à voir avec l’A69. Il y a une constance de la parole de l’État sur ce dossier. Dans quelques semaines, je vais m’exprimer sur les grandes infrastructures structurantes du territoire. Mon devoir, comme président de la Métropole, c’est de dire à l’ensemble des habitants du grand territoire que nous ne pouvons pas nous fragiliser sur les projets structurants à l’horizon 2035-2040. Aujourd’hui, trop de gens sont dans la difficulté pour le droit à la mobilité.
Donc, sur le Serm (Service express régional métropolitain), la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan, le contournement ouest, l’aéroport Montpellier Méditerranée : il ne faut pas qu’on passe à côté des enjeux. Le cadencement du TER est indispensable pour Frontignan, Villeneuve-lès-Maguelone, Sète, Béziers.
Ce territoire doit contribuer à la question climatique. Et les enjeux de mobilité sont structurants pour l’attractivité et le développement économique du territoire. Si Toulouse est connecté à Paris avec la LGV (via le projet GPSO, ndlr), avant la mise en service de la LGV Montpellier-Béziers (prévue en 2034, ndlr), ce sera un échec collectif.
Par ailleurs, en termes d’emplois, sans ses chantiers, on ne va pas pouvoir mobiliser pour l’insertion, et c’est très important pour aider les finances du Département. Le feu Languedoc-Roussillon ne va pas continuer à rester la région la plus pauvre (l’une des plus pauvres, ndlr) de la France métropolitaine. Il faut qu’on se batte, qu’on soit guerriers sur ces sujets. Sur l’aéroport, la métropole ne peut pas être qu’à 0,5 % au capital de la société. Je suis censeur au conseil d’administration. J’ai à côté de moi des administrateurs de l’État qui siègent, et je ne sais pas s’ils situent l’aéroport de Montpellier sur la carte.

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