« Lors d’une reprise d’entreprise, il faut faire confiance aux collaborateurs en place »
Ingénieur de formation (Arts et Métiers et ESTP), diplômée de l’IAE d’Aix-en-Provence (gestion d’entreprise), Marion Robert a été directrice générale du Groupe Robert (génie civil, 180 salariés), dans le Gard, entre 2006 et 2018. Jusqu’à sa reprise par Eurovia. Depuis, elle enchaîne les reprises d’entreprises, de taille plus modeste. De quoi déployer ses valeurs et son savoir-faire. « Trois questions à », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.
Après la cession du Groupe Robert à Eurovia, qu’as-tu fait ?
J’ai fait une césure d’un an et demi pour m’occuper de mon fils, qui était alors âgé d’un an. J’ai ensuite cherché du travail, mais mon profil est compliqué pour les recruteurs. J’ai dirigé un groupe de 180 personnes. Donc, je ne pouvais intéresser qu’un grand groupe. Sinon, je risquais de gêner le chef d’entreprise, de par mon passif (rires). J’ai choisi de repartir dans l’entrepreneuriat, via la reprise, en étant accompagnée par le programme Transmibat de la FFB 30.
Quelles cibles as-tu identifié, et racheté ?
Tout d’abord, Seipi (électricité industrielle pour Lafarge, Isover, Poppies, Ferroglobe, PCAS à Aramon, Armée, Eiffage Energie Aquitaine…), dans le Gard rhodanien, reprise en juillet 2020. Les associés avaient une offre d’un grand groupe, mais ont préféré mon profil, car ils souhaitaient rester dans un fonctionnement de PME, fait de réactivité et de liberté de choix. N’étant pas une grande fan des tableaux Excel, j’ai mis en place un ERP et un process de travail pour que tout le monde soit en place, et sache comment se passent les choses. Seipi est certifiée Mase (Sécurité et Environnement), ce qui montre à nos clients industriels que nous avons une culture dans ces secteurs stratégiques. Nous sommes passés, en trois ans, de 9 à 25 collaborateurs, et de 1,3 M€ à 3,2 M€ de chiffre d’affaires.
J’ai, depuis, racheté deux autres entreprises, spécialisées dans la plomberie-chauffagerie et dans l’installation de pompes à chaleur et de climatisations. Cette entité, Ets Baugey, basée à Nîmes, emploie 15 salariés pour un CA d’1,4 M€.
Quelles sont les valeurs que tu inculques lors d’une reprise, pour que la greffe prenne ?
Il est primordial, lors d’une reprise, de faire confiance aux collaborateurs en place. Ils connaissent l’entreprise. Je suis donc à leur écoute, pour améliorer leurs conditions de travail. Ces remontées d’informations sont soumises à une condition : quand ils ont un problème, je veux entendre une solution, pas seulement le problème ! Par exemple, nous avons, à Seipi, fabriqué des châssis pour rehausser les armoires, qui étaient auparavant posées sur le sol, ce qui générait des postures de travail non ergonomiques.
J’introduis des changements progressivement, petit à petit. Il ne faut pas tout chambouler d’un seul coup, sinon, le groupe n’adhèrera pas. Je mets aussi en place des outils de partage de la valeur : PEI (Plan d’Épargne Interentreprises), primes Macron, Mutuelle Famille prise en charge à 70 % par l’entreprise…
> Marion Robert fait partie des quatre entrepreneurs (aux côtés de Philippe Aparicio, chef de projet Implantation et Tourisme à Alès Myriapolis) intervenants de la table ronde organisée par Ad’Occ, ce 23 novembre au Hup d’Alès Myriapolis, dans le cadre du mois de la création et de la reprise d’entreprises. Plus à lire en cliquant ici. Agencehv (Hubert Vialatte) aura le plaisir d’animer les débats, ainsi qu’à Carcassonne le 30 novembre (plus d’infos en cliquant là).